mardi 29 septembre 2009

Chord - Flora

Où se situe la frontière entre la musique et le bruit? Traditionnellement, deux critères sont à prendre en considération pour pouvoir qualifier de musique une succession de sons : le rythme et/ou la mélodie. Le premier se définit comme la répétition de séquences plus ou moins régulières de battements et de silences. La seconde se manifeste lorsque un intervalle de fréquence perceptible par l’oreille humaine sépare au moins deux sons successifs (les notes). Si on ne retrouve ni rythme ni mélodie, alors on se situerait plutôt dans le registre du tohu-bohu, du charivari ou du boucan. Ça, c’était pour la ramener un peu.

Pourquoi est-ce que je me prends pour un professeur de musique tout d’un coup ? Parce qu’avec le premier album de Chord, je pense qu’on se situe tout juste à la limite entre le brouhaha et la musique. Chord est un collectif qui évolue sur le label Neurot et au sein duquel on retrouve notamment un des gars de Pelican. La singularité de ce groupe réside dans ses compositions particulièrement nihilistes : chaque morceau n’est qu’une lente digression autour d’un seul accord (d’où le nom du groupe, Chord signifiant accord dans la langue de Shakespeare), dont chaque note qui le compose est assignée à un membre du groupe. D’ailleurs, pour être certain qu’on ait bien compris le concept, les quatre morceaux de ce premier album portent le nom d’un accord : Am7, Gmaj (flat13), E9 et Am.

Normalement, à ce stade, un lecteur sur deux devrait déjà avoir jeté l’éponge. Voyons combien de courageux répondront toujours à l’appel après avoir spécifié que les morceaux de l’album durent chacun entre 11 et 16 minutes.

Maintenant, nous ne sommes plus que toi et moi, entre curieux avertis.

Une fois le décor planté, il faut appuyer sur play pour se faire une opinion. A ma grande surprise, je dois reconnaître que l’écoute de l’étrange ovni ne s’est pas apparentée au profond ennui que je craignais. Au contraire : Chord parvient à instaurer une réelle tension dans chacun de ses morceaux, sensation renforcée par la longueur des compos. Si les deux premiers morceaux ne sont effectivement qu’une superposition de variations à l’octave, de larsens, d’échos et de feedbacks, sur E9, on croit distinguer une ébauche d’arpège. L’ensemble se veut menaçant, comme les différentes étapes d’un violent orage d’été, depuis la formation du premier nuage jusqu’à l’éclatement du tonnerre, en passant par les vents mauvais et les éclairs.

A écouter dans quel contexte ? Je dirais que ça se marierait à merveille en bruit de fond pour accompagner un bon bouquin de Bret Easton Ellis. Ou à passer innocemment le jour où belle-maman s’invite à dîner.

Ceux qui ont appris à faire des nœuds coulants avec le câble de leur casque en écoutant le dernier Sunn O))) seront ravis de découvrir un disque de drone qui ne va pas nécessairement s’attaquer directement à leur système nerveux.

Les liens :

http://chord.atomicmouse.co.uk

http://www.myspace.com/dronecollective

http://www.neurotrecordings.com/artists/chord/index.aspx

3 commentaires:

  1. y a même un morceau oùj'ai failli m'endormir (bon chuis assez crevé en ce moment)
    Difficile de se faire une idée avec ce qu'ils proposent sur leur myspace.
    Je reste toujours un peu perplexe face aux expérimentations bruitistes.
    A voir en live pour se faire une idée peut-être?

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  2. okéééééé, c'est la que tu le planques... cet admirable et implacable humour pince-sans-rire....
    j'ai douté... autant pour moi....
    ces deux blogs sont a se fendre la gueule...
    vraiment....
    GG! comme on dit chez nous :)
    k

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  3. j'aime assez bien la musique drone limite tohu bohu. Mais cela dépend des jours et surtout de l'humeur générale! Quand le bon jour sera présent, j'y jette une oreille!

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