mardi 28 novembre 2017

Térébenthine - Visions



Voici un groupe dont je n’avais jusqu’ici jamais entendu parler. A la suite de ma chronique sur le dernier album de L’Effondras, un attaché de presse me suggère une série de liens censés me plaire. Démarche à laquelle je donne rarement suite. Mais il se fait que j’avais un peu de temps libre devant moi, l’oreille aux aguets et une furieuse envie de renouveler ma playlist avec du rock de terroir. Sans grande conviction, je clique de lien en lien et atterrit sur cette vidéo de Térébenthine.



Coup de boule immédiat, commotion cérébrale, KO avant même le premier round. Pas le temps de demander une copie presse à l’attaché en question et risquer de devoir attendre au moins…. pfff…. au moins 10 minutes. Une éternité quoi.

Un coup d'oeil rapide sur une page Facebook à moins de 500 likes me fait passer à côté d’un lien Bandcamp qui propose l’album en téléchargement libre. Impatient, piétinant comme un forcené sur ma chaise du bureau, tambourinant violemment mon clavier, j’enfreins au bout d’une hésitation de 7 secondes chrono une des 10 règles fondatrices de mon existence et me résous à acheter l’album sur iTunes. Tching, 30% pour les actionnaires. Saloperie de capitalisme qui se nourrit de mon incapacité à attendre ne serait-ce que deux jours pour découvrir un nouvel album.

Entretemps, je ne regrette nullement cette dépense impulsive de 6,99 euros, même si j’aurais préféré les filer directement au groupe, ce que je ferai bien évidemment dès qu’ils viendront en découdre avec les scènes bruxelloises.

Qu’avons-nous donc récupéré pour garnir notre cave? Un album instrumental bien serré signé par un duo guitare-batterie originaire de Reims (selon la page Facebook) ou de Châlons (selon le communiqué de presse). Le genre de détail dont on se fiche éperdument…

En sept morceaux, on brasse quelques pépites qui déballent leurs influences noise-rock. Puissant sans jamais sombrer dans le cradingue, l’album se déguste comme une succession de plages qui puent le rock à plein nez. Les plans de guitare sont percutants, nerveux, vifs et précis et évitent habilement la démonstration math-rock qui aurait eu le don de me perdre en route. L’ensemble est soutenu par une batterie rageuse maniée par un gars qui, selon la formule d’Audiard, n’était pas venu pour beurrer les sandwiches.

Au niveau du son, la filiation avec L’Effondras est indéniable. On retrouve ce grain de guitare qui fait ronronner l’ampli et confère à l’ensemble une touche organique absolument délicieuse. Le choix de l’instrument n’y est certainement pas étranger : à en croire les vidéos, c’est la Gretsch – guitare de prédilection des adeptes du rockabilly et de country rock – qui encaisse les riffs et les restitue avec un caractère « à l’ancienne », formidablement à propos sur ce genre de musique.

Si on continue avec les comparaisons, on pourrait ajouter que là où L’Effondras en gardait sous la pédale pour produire son effort sur la longueur et privilégier l’endurance, Térébenthine s’assume en frontal et invite au combat à mains nues immédiat. Pas de round d’observation, on monte directement aux barricades et on assomme tout ce qui bouge.

C’est justement quand on commence à se dire que l’album pourrait souffrir de certaines longueurs, à force de jouer pied au plancher, qu’arrive en 3e position (*) un morceau comme « Mer Noire », sorte d’interlude tout en retenue et subtilité qui se permet même d’inclure une partie vocale. Voilà la respiration nécessaire pour recouvrer ses esprits avant de reprendre la suite du programme en pleine gueule.

Alors certes, Térébenthine ne va pas révolutionner le rock et ce n’est certainement pas son ambition. Mais à l’écoute d’un tel disque, on se demande à quoi bon faire la révolution s’il est encore possible de livrer des productions aussi jouissives avec des formules pourtant déjà maintes fois entendues. A Avec Visions, je me dis qu’il y a quelque chose de sacrément encourageant quand – à 38 piges – on peut encore se manger une giroflée à cinq pédales distribuée par un duo guitare – batterie. On a ici un groupe qui fait bien plus de boucan que la grande majorité des formations à rallonge qui passent leur temps à se secouer la nouille en essayant de réinventer un genre à coups de digressions indigestes et d’emprunts éhontés à des styles jugés à tort plus nobles, mais auxquels ils ne pigent rien de rien.

C’était donc la chronique de mon 3e album acheté sur iTunes, après Desensitzed de Pitchshifter et Koksofen de Caspar Brötzmann Massaker – que je ne trouvais pas sur Discogs à cause d’une faute de frappe. Difficile de relier Térébenthine au rouleau compresseur indus des vieux Pitchshiter. Par contre, en tendant l’oreille, on peut facilement trouver l’un ou l’autre gène commun avec le chef-d’œuvre du rock expérimental Made in Deutschland.

(*) PS: je remarque en terminant la rédaction que le tracklisting sur iTunes est sensiblement différent de celui du Bandcamp où "Mer Noire" arrive en clôture. Encore une bonne raison d'acheter le disque pour en avoir le coeur net.
 

jeudi 16 novembre 2017

Veda - "Here" (vidéo live)



Nous inspirant de notre propre interprétation de "Mildred Pierce", le classique du roman noir signé James M. Cain, Dominique Van Cappellen-Waldock (Baby Fire, von Stroheim, LAS vegas, etc.) et moi-même avons passé quelques mois à composer la bande-son dystopique de l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature américaine du XXe siècle.

Ensemble, nous avons imaginé des chapitres alternatifs qui plongent Mildred dans le meurtre, la culture de plantes vénéneuses, l'humiliation et la vengeance.

Notre premier EP, Preface est disponible en téléchargement libre depuis août 2017.


Depuis lors, Cécile Gonay (Seesayle) nous rejoint régulièrement au violon.

Cette vidéo du titre "Here" a été enregistrée le 28 octobre 2017, au Magasin4 à Bruxelles. Nous y jouions en première partie de Jarboe & Father Murphy. "Here" repose sur un sample du morceau "Stikhera, Echols 1", composé au XVIe siècle par Fedor Krestianin. Il est extrait d'une compilation éditée en vinyle en 1966 par Alexander Yurlov... et dégotée sur une brocante pour 25 centimes.

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