dimanche 16 septembre 2007

Black Francis - Bluefinger

Tant pis pour les autres

Dire que Charles Thompson, alias Frank Black, alias Black Francis, souffre de problèmes d'identité(s) est une lapalissade. Autant il paraissait imbuvable lors de la fameuse tournée de reformation des Pixies, autant, en solo, on découvrait un Frank Black détendu et disponible, qui conduisait lui-même la camionnette et démontait seul son matos après le concert. Sa discographie est tout aussi contrastée, entre les premières sorties post-Pixies (Teenager Of The Year, The Cult Of Ray), l'aventure avec les Catholics et les dernières sorties semestrielles qui devaient plus au blues et à la country qu'au rock des débuts (Honeycomb). Chacun se fera son opinion, mais pour ma part, j'avais un peu lâché prise après la période Frank Black & The Catholics.

Dans cet imbroglio discographique (une quinzaine d'albums solo depuis la séparation des Pixies en 1993, je n'ai pas fait le décompte exact), la sortie d'un nouvel album sous le nom de Black Francis marque à coup sûr un tournant. En se dotant du nom de scène qu'il avait délaissé après la sortie de Trompe Le Monde, Black rappelle qu'il était parti sans avoir terminé le sale boulot. En pleine ascension, il est évident qu'il en avait gardé sous la pédale pour le jour où... Mais voilà, il suffisait de voir les Pixies écluser les festivals du monde entier sans s'adresser la parole pour comprendre que ce nouvel album ne verrait sans doute jamais le jour.

Du coup, on se plait à imaginer que sur les 11 titres de Bluefinger, certains auraient pu connaître une autre destinée. C'est clair comme de l'eau de roche pour au moins cinq chansons de ce nouvel album. Threshold Apprehension, par exemple, aurait pu sans conteste revendiquer une place de choix sur un hypothétique successeur de Trompe Le Monde : on y retrouve la voix stridente de Black Francis au meilleur de sa forme et, surtout, un riff de guitare haché comme à la grande époque. D'autres morceaux plus agressifs sont de la même veine (Your Mouth Into Mine, Tight Black Rubber) même si le son général rappelle plutôt le premier album de Frank Black & The Catholics.

Néanmoins, Bluefinger n'est pas un nouvel album des Pixies déguisé en disque de Black Francis. Pour cela, il aurait fallu cette alchimie qui régnait à l'époque où Black et Joey Santiago croisaient leurs guitares pour notre plus grand plaisir. Or les Pixies ne sont plus, il faudra s'en faire une raison. Mais cet album nous montre un Black réveillé, rajeuni, énervé et débordant d'envie de jouer. Rien que pour ça, il mérite qu'on s'y attarde.




Les liens intéressants:

Le site de Bluefinger : http://www.bluefingeronline.com/
Un site non-officiel : www.frankblack.net/
Et un excellent blog encore moins officiel (en français) : http://blackolero.blogspot.com/

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