vendredi 15 juillet 2016

Les innombrables visages de Bowie s'exposent à Bruxelles

Jusqu'au 30 juillet, la A. Galerie à Bruxelles accueille une impressionnante rétrospective de portraits photographiques de David Bowie. Baptisée "The Man who Ruled the World", l'expo retrace les innombrables métamorphoses de l'artiste, captées par les objectifs des plus grands photographes, de Terry O'Neill à Steve Schapiro en passant par Markus Klinko ou Claude Gassian. 

L'exposition se tient à la A. Galerie, en plein coeur du quartier Châtelain à Bruxelles. Discrétion, sobriété... on pourrait presque passer devant sans s'en rendre compte. Pourtant, en poussant la porte, on entre directement dans le vif du sujet, faisant face au portrait colossal réalisé par Terry O'Neill, image devenue mythique d'un Bowie tenant en laisse un chien qui bondit vers l'objectif. On a beau connaître ce cliché par coeur, l'avoir vu sous toutes ses coutures, l'effet est toujours aussi saisissant.

David Bowie for Diamond Dogs 1974, by Terry O’Neill
La suite de la visite met en lumière le travail de collaboration étroite entre un artiste à la réputation de caméléon et les plus grands photographes de son époque. Son visage change, les styles évoluent, la lumière, la composition, le traitement sont toujours mis au service de Bowie pour en révéler toute la complexité.

Tour à tour, on découvre ainsi avec Rankin et Watson le Bowie espiègle, majeur fièrement tendu, de l'époque Outside (1995), mais également, la même année, un Bowie plus posé immortalisé par Gavin Evans. Cette série en couleur frappe d'ailleurs par un détail qui n'échappera à aucun observateur: pour cette séance, Bowie portait des lentilles bleues qui dissimulent sa pupille dilatée, pourtant le trait le plus caractéristique de son regard.

David Bowie, ‘the Finger,’ New York City, 1996, Watson


David Bowie 1995, by Gavin Evans


Les classiques sont au rendez-vous: le portrait de Greg Gorman d'un Bowie tenant une guitare à l'envers (Bowie était gaucher mais jouait pourtant de la guitare comme un droitier), les séries de photos de Steve Schapiro dont on a déjà beaucoup parlé ici, le Bowie cheveux longs et tenue baroque de 1999 immortalisé par Mark Selinger, etc.

David Bowie Kabbalah 1 - 
1974 Los Angeles by Steve Schapiro
Du déjà vu? Un peu, mais pas seulement. Certes, l'exposition vaut le détour ne serait-ce que pour redécouvrir la richesse de certaines images passées à la postérité. Mais il serait dommage de la snober parce qu'on connait ces photos sur le bout des ongles. D'autres images, moins connues, méritent à elles seules le déplacement.

Commençons par la série réalisée pour l'album Heathen par le photographe de mode Markus Klinko. On pénètre ici dans un univers fantastique, marqué par un travail de post-production millimétré. La peau cireuse et la lumière parfaite rappellent que Bowie aimait aussi s'entourer de stakhanovistes. Plus surprenant encore, certains clichés de la série semblent renvoyer directement à l'univers de la vidéo de Lazarus, le testament artistique de Bowie: le bureau, le manuscrit, la pose affalée sur le pupitre, l'écriture frénétique, etc. Plusieurs images de cette série sont exposées à la galerie. L'intégralité est consultable sur le site de l'artiste.

David Bowie 2002, by Markus Klinko


Autre temps fort de l'exposition: un tirage inédit d'une photo de Claude Gassian, lors de la tournée Isolar en 1976 montre un Bowie dandy, squelettique mais diablement élégant.

Enfin, difficile de ne pas évoquer l'inquiétant triptyque mettant Bowie en boîte d'Albert Watson en 1996.

David Bowie, New York City, 1996, by Albert Watson
Troublant et interpelant, ce voyage à travers les multiples visages est une des pépites les mieux gardées de la capitale cet été. L'exposition est à admirer jusqu'au 30 juillet à la A. Galerie, à Bruxelles. 

Déjà 6 mois qu'il nous a quittés et Bowie continue d'alimenter l'actualité aux quatre coins du monde. L'exposition itinérante David Bowie Is a pris hier ses quartiers à Bologne et y restera jusqu'en novembre. Lazarus, la comédie musicale écrite par Bowie est annoncée à Londres pour la fin de l'année, tandis que Sotheby's va mettre aux enchères sa collection privée d'oeuvres d'art.

Niveau musical, il est désormais établi que sortira à la rentrée un luxueux coffret composé d'enregistrements inédits et de versions alternatives couvrant la période 1974 - 1976, suivant ainsi le coffret "Five Years", consacré à la période 1969 - 1973.

Enfin, rappelons que le livre "Bowie, by Steve Schapiro" que j'ai eu l'immense honneur de préfacer est toujours disponible en deuxième tirage que PowerHouse Books.


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