mardi 6 septembre 2016

David Crunelle - What the folk?

Contribution pour le catalogue de l'exposition "FOLK" de David Crunelle, à la galerie Art Nomade à Bruxelles, du 9 au 25 septembre 2016.



What the folk?

Dans « Manhattan Folk Stories », le guitariste Dave Van Ronk livre un récit indispensable de la scène folk américaine telle qu’il la vécut dès la fin des années 30. Le mythe du beatnik de San Francisco, le business autour du foisonnement de Greenwich Village, le snobisme avilissant des joueurs de banjo à l’égard des joueurs de guitare - un trve folk qui n’est pas sans rappeler les fondamentalistes du trve black metal - y sont restitués minute par minute, avec une précision digne de la meilleure des télé-réalités.



Parmi les nombreux témoignages de Van Ronk, il en est un qui est particulièrement éclairant pour mieux saisir l’ancrage « folk » du travail de David Crunelle : l’idée qu’à l’époque, l’interprétation était autrement mieux valorisée que la composition en tant que telle. Les meilleurs musiciens folk des années 60 n’étaient pas ceux qui s’épuisaient à vouloir composer la nouvelle ballade à succès autour des sempiternels trois mêmes accords, mais bien ceux qui étaient capables d’injecter leur touche personnelle en se réappropriant les standards de leurs prédécesseurs. L’âge d’or de la musique folk américaine coïncide ainsi avec une pléthore de disques de reprises, que personne ne jugeait pourtant nécessaire d’étiqueter comme tels. Chaque musicien puisait allègrement dans le répertoire populaire, qu’il réinterprétait à sa sauce en l’agrémentant de ses arrangements personnels ou en réécrivant l’un ou l’autre couplet. Le talent se mesurait à la capacité de réveiller une vieille ritournelle pour lui donner une nouvelle dimension émotionnelle.



On aurait parfois tendance à oublier que la culture populaire est le premier et le plus puissant des logiciels open source.

Voilà sans doute pourquoi les tableaux de David Crunelle sont profondément « folk ». Ils puisent leur matière première dans le socle-même de notre culture populaire contemporaine : l’image. Qu’il s’agisse de l’image abrutissante tirée du récit publicitaire, de l’image sensationnaliste issue de la presse grand public ou de l’image prétendument rigoureuse que revendique la littérature scientifique, David Crunelle en extrait la moelle qu’il amalgame dans un nouveau récit personnel.

A la manière des musiciens folk des années 60 qui, en le pillant sans honte aucune, assuraient la pérennité du répertoire musical populaire en le sortant de l’oubli, le travail de David Crunelle se lit comme un témoignage de notre culture pop actuelle. Voilà l’essence-même de toute démarche «folk».

Now sit down, enjoy and folk off. 



Infos: 
La galerie Art Nomade.
Le site de David Crunelle et sa page Facebook.

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