dimanche 10 août 2008

Doré à souhait à Mallemort – épisode 1 sur 3

Anatomie du globe oculaire

Deux semaines au soleil et je suis rechargé à bloc. Faut dire que j’en avais besoin. Quand on est à plat, rien de tel qu’une longue cure de rien, un beau séjour au royaume de la glandouille, doigts de pied en éventail et cul humide sur une serviette de bain. Le rosé se boit au cubi et toute bouffe devient insipide si elle n’est pas passée sur le barbecue. Quant au pastis, s’il est imbuvable sous un timide soleil brabançon, c’est sans doute parce que le cocktail tarte al’djot et Grimbergen au fût n’aurait pas le même goût sous une pluie provençale.

Pour notre retraite dorée, nous avons opté pour Mallemort, bled des Bouches du Rhône, au nom prometteur qui évoque à la fois le crime et la malédiction et qui aurait pu inspirer un polar de Simenon ou une nouvelle de Thomas Owen. Pour être plus précis, il s’agissait du hameau de La Tour, situé à Mallemort. Waow, là on imagine carrément les douves, les meurtrières et les chauves-souris. L’endroit est tellement petit que les rues n’ont pas de nom, les maisons pas de numéro. Cadre idéal pour emmener une manne de bouquins à potasser et un disque dur plein à craquer d’albums que je n’avais toujours pas eu le temps d’écouter.


Scandales et coups montés à Stockholm

Niveau lecture, j’ai repris un peu de poil de la bête. J’ai enfin terminé la trilogie Millenium de Stieg Larsson. J’ai complètement accroché… même si à la longue, le personnage de Mikael Blomkvist m’a un peu fatigué avec ses allures de Jack Bauer scandinave, celui qui a toujours tout compris avant tout le monde.

« You’ve got to trust me on
this, Mr. President… »

Et qui finit toujours pas tremper son biscuit à toutes les tasses [de café brûlant]. Petit conseil à toi qui projettes de te lancer dans la lecture de la trilogie : ne lis pas la quatrième de couverture qui crame systéma
tiquement la moitié de l’histoire. Des terroristes chez Actes Sud


Monstres et compagnie

Suite à une discussion entre amis [« La créature de Dr. Frankenstein n’a-t-elle vraiment pas de nom ? »], j’ai lu rapidement le roman gothique de Mary Shelly, ce qui m’a rappelé pourquoi j’avais tant de mal avec les classiques. Chez moi, même les histoires les plus fines supporteront mal des dialogues qui usent et abusent de l’imparfait du subjonctif. Conclusion : non, le monstre créé par le Dr. Victor Frankenstein n’a pas de nom.


La veille de mon départ, mon ami M. devenu tristement célèbre après le malheu
reux épisode du festival d’Herk, m’avait passé un petit coup de fil pour me signaler que The Dark Knight était de loin, à ce jour, la meilleure adaptation au cinéma de l’œuvre de Bob Kane. Dommage, pas le temps d’aller le voir avant de partir. Par contre, il me restait juste quelques minutes pour faire un détour par cette librairie de la Rue du Midi spécialisée en Comics et dont je n’arriverai jamais à me souvenir du nom. Bingo ! Panini Comics vient de publier deux nouveaux volumes des aventures de Batman.


Batman aux dents longues

Primo : Batman & Dracula, Pluie de Sang. J’avais déjà écrit à l’occasion sur Elseworlds, ces séries parallèles qui, le temps de quelques épisodes, sortent un justicier de son décor habituel, le confrontent à un adversaire d’une autre époque ou modifient un élément de l’intrigue, avec les réactions en chaîne que l’on peut imaginer. Ainsi, dans Red Son, Superman devenait un super héros communiste, consacrant la victoire du bloc de l’Est dans la guerre froide qui l’opposait au monde capitaliste.


Dans Pluie de Sang, Batman doit affronter le Comte Dracula, un adversaire d’autant plus redoutable que vampires et chauves-souris partagent de nombreuses caractéristiques. Bruce Wayne y apparaît une nouvelle fois sous son allure la plus sombre, oscillant toujours entre soif de justice et vengeance personnelle. Avec un final en crescendo et une dernière planche qui laisse sans voix. Il n’y a pas à dire, à bientôt 70 ans (le premier Batman date de 1939), le justicier sans super pouvoir continue à m’en mettre plein la vue.


Avec Batman et le Moine fou, on a par contre l’impression d’écouter un disque rayé, puisque ici aussi, le méchant s’appelle… Tepes et vide ses victimes de leur sang. Ce qui me fait dire que les choix éditoriaux de Panini Comics ne sont pas toujours les plus judicieux…

L’intrigue du Moine fou tient moins la route que celle de Batman et Dracula. Le final traduit un manque cruel d’imagination : le méchant ne meurt pas en glissant sur une peau de banane, mais c’est tout comme. Néanmoins, cet épisode comporte plusieurs aspects secondaires intéressants : la relation difficile, voire impossible, entre Bruce Wayne et sa petite amie Julie Madison (et ses conséquences désastreuses sur le père de celle-ci) et une des premières apparitions de Catwoman. Miaou.



A poil

M. encore, M. toujours. Cadeau empoisonné pour mes 29 ans : une édition limitée du Festin Nu de William Burroughs, accompagnée du DVD du film de David Cronenberg. Merci M. Un sacré morceau, ce Festin Nu ! Lecture tantôt suffocante (les descriptions cauchemardesques et interminables de viols collectifs d’adolescents suivis de leur pendaison et basculant dans d’innommables orgies cannibalesques), tantôt hilarante (ce Dr. Benway qui conte ses exploits chirurgicaux, dont une ablation de l’appendice avec un ouvre-boîte rouillé) qui bouleverse mon top 3 des livres les plus perturbants que j’ai lus pour s’établir désormais comme suit :


1. Le Festin Nu de William Burroughs
2. American Psycho de Brett Easton Ellis
3. Vice Versa de Will Self


Exit donc Danielle Steel… :-D

Aussi, puisque la bronzette n’est pas mon activité préférée, j’ai dévoré tous les magazines qui traînaient, ce qui m’a permis de lire une nouvelle inédite de Jim Harrison dans Lire (je ne lis pas Lire, c’était celui de madame) et d’apprendre que :

- Des cigarettiers lançaient en France, au Québec et aux Pays-Bas des clopes sans tabac, aromatisées au chocolat, afin de séduire les jeunes (pas de nicotine, donc pas de restriction de vente). Le journaliste expliquait le plus sérieusement du monde cette stratégie marketing par le besoin de remplacer les anciens clients, devenus ex-fumeurs ou ex-vivants.

- Les habitants de l’Ile de Lesbos en avaient marre du tourisme homosexuel.

- Un tribunal italien avait autorisé la consommation de marijuana chez les citoyens de confession rastafari.

- Un publicitaire américain avait mis au point une formule mathématique qui permet de calculer son niveau de célébrité.

- En 2003, il avait été un moment question de relancer la série CHIPS.

Enfin, en page 4 du Soir du 4 août, je découvrais cet article au titre d’un autre âge : Yves Leterme : « J’y crois encore ». Soudain, le soleil qui me malmenait depuis plus d’une semaine m’illumina de cette révélation. Cette incapacité à discerner réalité, délires sous psychotropes, cauchemars et hallucinations pathologiques… Eh, mais attendez une minute ! Mais c’est bien sûr : Yves Leterme est le William Burroughs flamand ! Le problème, c’est qu’il nous faudra vingt années pour comprendre le génie qui anime le notaire d’Ypres.


Les liens à retenir :

Actes Sud
Panini Comics
Batman et le Moine Fou

Gallimard Imaginaire

The Dark Knight

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