vendredi 13 juillet 2007

Elvis Perkins - Ash Wednesday

Made in dignity

Il n’existe pas de loi qui oblige à n’aimer que les disques particulièrement innovants, au son révolutionnaire ou à l’approche avant-gardiste. On tombe parfois sur des albums sans grande prétention, à mille lieues de soulever les foules, mais dont on apprécie la fraîcheur, la simplicité ou l’honnêteté. C’est à coup sûr le cas de ce premier album d’Elvis Perkins, collection de chansons pleinement assumées et enregistrées sans artifice ni arrogance. Eh oui, ça fait du bien de temps à autre de poser son cul sur le canapé et de lire son journal en écoutant une musique qui ne vise pas le titre d’album du millénaire de la semaine du NME.

La spontanéité a encore un certain charme et Elvis Perkins l’a bien compris. Comme pour le jambon Herta, sa devise pourrait être « Ne passons pas à côté des choses simples. » La trentaine à peine entamée, il sort Ash Wednesday, premier album qui alterne folk et ballades rock et duquel se dégage une douce mélancolie. Malgré un nom de rock star allumée, il enchaîne les titres avec une pudeur remarquable, surtout quand on connaît les événements familiaux douloureux qu’a traversés ce songwriter. D’une part, son père, l’acteur Anthony Perkins (alias Norman Bates dans Psychose), s’est éteint au début des années 90, emporté par le sida. D’autre part, sa mère figurait sur la liste des passagers d’un des avions qui se sont écrasés sur les Twin Towers. Dans la famille "malédiction", j'appelle le fils.

Frappé par un passé aussi lourd, Elvis Perkins aurait pu jouer les écorchés vifs et sombrer dans les lamentations sur son propre sort. Or, c’est précisément la démarche inverse qu’il adopte sur Ash Wednesday. Forcément, on n’y trouvera pas de chansons enjouées ou de débordements d’euphorie mais Elvis Perkins prend suffisamment de distance par rapport à son propre vécu pour pondre finalement un album calme, posé et émouvant. Les compositions nous renvoient à Destroyer (le suprenant May Day!), à Nick Drake (Moon Woman II), voire à Simon & Garfunkel (il y a des touches de Mrs. Robinson dans les accords de All The Night Without Love). On entendrait même des accents de Thom Yorke sur Sleep Sandwich par exemple. Magnifique.
A noter quand même qu'Elvis Perkins n'est pas non plus le parfait inconnu. Il a en effet assuré la première partie de la dernière tournée de Clap Your Hands Say Yeah!



Les liens intéressants:

Le site officiel : www.elvisperkins.net/
Sur MySpace : www.myspace.com/elvisperkins

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