lundi 9 juillet 2007

Justice : +

Au nom du père

Voici un des albums les plus attendus de l’année. Justice s’était fait un nom il y a quelques années avec le remix de We Are Your Friends de Simian, rebaptisé pour l’occasion Never Be Alone. Nos pieds se souviendront longtemps de cet hymne endiablé.

Quelques remixes plus tard, il s’agit maintenant de confirmer dans la cour des grands. Après avoir dominé de la tête et des épaules la première division du remix et des DJ sets, voici venu le temps des premières foulées en Champions’ League avec +, album ô combien attendu et déjà béatifié par tous les papes de la critique. Car après avoir enflammé les pistes du monde entier, la French Touch commençait tout doucement à manquer de souffle. Et la dance hexagonale aurait bien besoin, pour se refaire une santé, d’un nouveau coup de force digne du cultissime Homework de Daft Punk. Verdict ?
Ne tournons pas autour du pot : ce premier album de Justice n’est pas le nouveau Homework. Principalement parce que Homework, ce n’est pas la Champions League mais bien la Coupe du Monde. Revenez quelques 10 ans en arrière (ça ne nous rajeunit pas). Le premier album des Daft n’était pas seulement la pierre angulaire de toute la French Touch qui allait dévaler sur nos ondes (Cassius, Etienne De Crécy, Alex Gopher et consorts en tête). Homework, c’était bien plus que ça. C’est le disque qui a fait comprendre à toute une génération de boutonneux qu’il n’y avait pas de contradiction insurmontable à porter un t-shirt de Pearl Jam et à écouter de la musique électronique. A l’époque, c’est ZE disque qui a dressé des ponts entre rock, house, funk et hip hop alors qu’on en était encore à se demander si un groupe aux cheveux courts pouvait légitimement faire du rock. Bref, Homework, c’était la révolution. Or, à la première écoute de +, même si on comprend assez rapidement qu’on se trouve face à de l’artillerie lourde, il faut admettre que de révolution il ne sera point question.

Ceci étant dit, on peut écouter cet album l’esprit tranquille et l’aborder sans aucune idée reçue. Et là, force est de reconnaître que ce premier essai de Justice est sacrément bien torché. L’entrée en matière se fait sur Genesis, sorte de marche impériale à la Dark Vador. La mise en bouche réussie, Justice passe directement aux choses sérieuses avec Let There Be Light, morceau pour le coup très marqué par l’héritage des Daft, qui annonce la couleur : son cradingue, basse funky endiablée et gimmicks obscènes. Au son cristallin retravaillé mille fois derrière une machine, Justice privilégie un groove qui se décoche comme une reprise de volée en pleine lucarne : pas le temps de réfléchir, le mouvement a beau de ne pas être le plus académique, c’est le résultat qui compte. Passons ensuite sur le single D.A.N.C.E., et son refrain en clin d'oeil aux Jackson 5, de loin l’un des morceaux les moins typés de cet album. La suite est une succession de tubes aux beats frontaux, gonflés aux produits interdits. Ça flingue dans toutes les directions : soul (Phantom Pt. II risque de réveiller le cadavre de Curtis Mayfield), electro trash (Stress est d’ores et déjà une des machines à danser de l’été) voire punk (Waters Of Nazareth est encore imprégné de l’odeur du plat de Bolino qui a dû traîner pendant des semaines à côté du Macintosh).
Oui, ce premier disque de Justice est excellent. Mais ce ne sera pas la révolution d’il y a dix ans. Parce que les révolutions, on les compte sur les doigts de la main. Mais qui oserait s'en plaindre ? Ici, on joue plutôt dans la catégorie des grosses claques en pleine tronche, dans les veine de Mylo ou MSTRKRFT. Du tout bon, je vous dis.


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