samedi 7 mars 2009

Lou Reed - Berlin : Live at St. Ann’s Warehouse


Un soir de la semaine, en rentrant du boulot dans un train bondé, je me repassais dans les écouteurs l’album de Lou Reed Berlin : Live at St. Ann’s Warehouse, soit un enregistrement en public d’un des albums les plus sombres de l’ex-leader du Velvet Underground. Enregistré en 1973 dans des conditions chaotiques (Lou est camé jusqu’au bout des tifs), l’album Berlin aura attendu près de 35 ans pour avoir droit aux plaisirs de la scène. « Plaisir » est ici un sacré euphémisme, tant l’album est miné par une chape de plomb.

Pour sa tournée Berlin, Lou Reed est passé une fois à Forest National et une autre au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles. A chaque fois, j’ai hésité. A chaque fois, j’ai décliné. Pour deux raisons. Primo, Lou Reed n’est pas réputé pour son sens aigu du respect du public. Ne l’ayant jamais vu sur scène, je préfère entretenir avec lui des rapports distants et en conserver une image pas encore trop écornée. Tant pis pour le concert : Lou Reed, ce sera pour toujours une pile de vinyles que je pose sur la platine avec les yeux qui pétillent. Secundo, l’album Berlin est tellement intense que je ne pouvais pas l’imaginer autrement qu’avec les crachotements de l’aiguille qui râpe le microsillon. Disons que c’est une expérience qu’on préfère vivre seul chez soi avec un alcool fort, plutôt que planté au milieu d’un bon millier de conards qui ont déboursé 40 euros pour assister au spectacle.

En réécoutant ce live, un soir dans le train, j’ai réalisé que le morceau The Kids était probablement la chanson la plus déprimante que j’aie jamais entendue. Dans sa version live, elle est à peine moins insoutenable que dans sa version studio. Autour de paroles pourtant très terre-à-terre (« They took her children away ») et quelques accords de guitare qui n’ont vraiment rien d’exceptionnel, cette chanson parvient à instaurer un climat détestable et à l’étirer sur plus de… 8 minutes. En cause : ces pleurs d’enfants terrifiants qui nous gâcheraient le retour du printemps.

Si on sait aujourd’hui que les enfants en question étaient ceux du producteur Bob Erzin, deux théories subsistent quant à la manière dont leurs pleurs auraient été enregistrés. Dans le premier scénario, Lou Reed les aurait simplement enfermés dans le studio en laissant les micros branchés et se serait barré en n’oubliant pas d’éteindre avant de sortir. Quand je disais que c’était un sympa, le Lou

Dans le second scénario, c’est Bob Erzin lui-même qui aurait trouvé le subterfuge : alors que ses gosses traînaient dans le studio, il leur aurait tout simplement annoncé qu’ils ne reverraient plus jamais leur mère et aurait enregistré leurs réactions. La bonne blague.

L’histoire nous dira peut-être un jour lequel des deux est coupable de cette monstrueuse merveille (attention, un Prix Nobel s'est senti obligé de sous-titrer):



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