mardi 30 septembre 2008

Moulin avant


Je ne suis pas du genre à hurler au génie dès que quelqu’un passe l’arme à gauche. D’ailleurs je n’aimais pas du tout ses derniers albums trop lounge. Je ne lisais plus ses chroniques dans Télémoustique avec autant de plaisir qu’avant, depuis qu’il tirait sur tout ce qui bouge, oubliant parfois le sens de la nuance. Son côté donneur de leçons m’agaçait un peu.

Néanmoins, ça m’a fait un choc quand j’ai appris cet après-midi que Marc Moulin était décédé.

Ses premiers albums étaient divinement bien foutus (à réécouter les Placebo Sessions et le légendaire Sam’ Suffy), ses collaborations avec Aksak Maboul font l’objet d’un véritable culte, les délires de Telex sont toujours incompris trente ans après le crime et son feuilleton radiophonique « Les Tilkin » reste inégalé à ce jour.

Maintenant, on va être assailli sous les hommages, sûrement jusqu’à l’overdose. Et on nous rappellera qu'il a produit Lio ou Chamfort.

En attendant, profitons de ces grands moments.




A regarder
: Placebo (pas l’autre) en live dans les années 70










A regarder
: Telex à l'Eurovision en 1980 (ils avaient terminé bons derniers)



Les liens

Le site officiel : http://www.marcmoulin.com/
La page d'Aksak Maboul : http://crammed.greedbag.com/aksak-maboul/
Aksak Maboul sur MySpace: http://www.myspace.com/aksakmaboul

jeudi 25 septembre 2008

Sourire au sud de Wemmel

Avec des slogans comme "Le Hainaut, c'est beau" ou "Liège, une ardeur d'avance", le Sud du pays a toujours fait preuve d'une absence totale d'imagination quand il s'est agi de "faire de la com". Et puis, miracle de la création, quelqu'un a eu une idée (une quoi ?) et, Dieu de Dieu, pour une fois en 29 ans et 3 mois de vie wallonne, je suis fier de présenter

ça :


vendredi 19 septembre 2008

The Melvins : toute première fois, tou-toute première fois...

On garde toujours un souvenir impérissable d’une bonne première fois. La première fois que j’ai écouté les Melvins, c’était il y a plus de 10 ans. C’était même il y a presque 15 ans, mais je préfère ne pas y penser et continuer à me sentir insulté quand j’entends un journaliste parler de la jeune délinquance.

Mon premier Melvins, je m’en souviens comme si c’était hier. Je venais de m’offrir ma première chaîne hi-fi (une Protech, avec lecteur de cassette unique et lecteur de CD, achetée pour 2500 francs chez Makro en offre super étoile). Forts de cette nouvelle acquisition, mes mercredis après-midi se passaient entre copains, à la Médiathèque de Mons, où on louait tout ce qu’il fallait avoir entendu pour pouvoir prétendre être rock’n’roll.

A l’époque, il fallait écouter tout ce qui venait de Seattle. Voilà comment trois chevelus s’empiffraient d’albums de Mudhoney, Alice In Chains, Tad, Supersuckers, 7 Year Bitch, Gashuffer, Pearl Jam, Green River, Screaming Trees, etc. Chaque mercredi, chacun de nous empruntait un ou deux CD et en faisait des copies pour les deux autres, ce qui nous a obligés à réenregistrer sur les cassettes de Goldman de nos parents.

Voilà comment je suis rentré chez moi un mercredi avec dans mon sac l’album Houdini des Melvins. Je n’oublierai jamais le séisme qui ébranla ma chambre sur les premières notes de Hooch, la plage d’intro. Je n’avais jamais rien entendu de pareil : le riff de guitare était lourd comme l’Atomium sous l’orage du 21 juillet, le batteur devait au moins tenir une poutrelle d’acier dans chaque main pour malmener ses fûts de la sorte et la voix de Buzz Osbourne vibrait comme s’il avait un essaim d’abeilles tueuses à la place des amygdales.

30 secondes passent. Je fronce les sourcils, je serre les dents. Puis je me détends, tel le puceau qui vient de se vider pour la première fois dans sa camarade de classe que tout le monde surnommait Gérard Jugnot en raison d’une sur-pilosité faciale, je réalise ce qui m’arrive et je souris bêtement.

« Merde alors, je crois que je suis en train d’écouter du métal. Et en plus j’aime ça. »

Aujourd’hui, cette réflexion peut attirer les moqueries mais je te rappelle qu’à l’époque, mes oreilles étaient allergiques à tout ce qui avait tendance à gonfler le torse de manière un peu trop affirmée. Ainsi, les Sepultura, les Metallica, les Pantera et plein d’autres groupes dont le nom rime avec Judas (qui a dit Bananarama ?) n’avaient pas le droit d’entrer dans ma chambre.

J’ai rapidement réalisé mon erreur en m’intéressant à d’autres albums des Melvins (ou simplement en écoutant la suite de l’album Houdini) : ces messieurs ne sont pas assez sérieux pour être des métalleux. Il n’empêche que des chansons comme Hooch, Night Goat ou l’incroyable Honey Bucket (j’ai des frissons rien que d’en écrire le titre) ont fait sauter un verrou qui tenait depuis longtemps et gardait éloignés de mon fief des terroristes du décibel tels que Napalm Death ou Anthrax.

Pourquoi tant de nostalgie ? Tout simplement pour te faire comprendre mon excitation à l’idée d’aller voir les Melvins pour la première fois, vendredi dernier au Vooruit. Pour être tout à fait honnête, il s’agissait de mon deuxième concert des Melvins. Mais étant donné que je n’ai aucun souvenir du premier pour cause d’excès de sangria (cf. l’épisode de Rock Herk), on peut décemment considérer le spectacle du 12 septembre 2008 comme ma première rencontre avec ces quatre gros nounours.

Je peux dire sans trop me mouiller que j’en ai pris plein la tronche ce vendredi. Le concert était impeccable. Costaud mais sans esbroufe, qui frappe directement au menton, enchaîne sur l’estomac, balance l’adversaire dans les cordes et ne le lâche plus de la soirée. Combien de temps ça a duré ? 45 minutes ? Une heure ? Deux heures ? A vrai dire, je n’en sais rien (et je n’étais même pas bourré). C’était tellement prenant que j’en ai perdu complètement la notion du temps.

Sur scène, les Melvins assument leur statut de légendes vivantes avec un naturel incroyable. Au niveau du répertoire, ils puisent essentiellement dans les deux derniers albums Nude With Boots et A Senile Animal. Il aura d’ailleurs fallu que j’attende ce concert pour réaliser que la chanson A History Of Bad Men (tirée de Senile Animal) était une réinterprétation du bouillant Night Goat sorti en 93. Le tout est joué dans une formation de la délicatesse d’une colonne de panzers : Buzz Osbourne au chant et à la guitare, Jared Warren à la basse et au chant, l'ex-Nirvana Dale Crover à la première batterie, Coady Bills à l’autre batterie. Deux batteries, il fallait bien ça pour donner la réplique aux riffs acérés des deux autres révoltés.

Pour la petite histoire, les Melvins ont eu le goût de proposer en première partie deux de leurs side projects : le très hardcore Big Business et le plus noisy Porn. (Porn, Porn, Porn, voilà qui va ramener des clics…)

Depuis que je suis papa, je vais voir moins de concerts qu’auparavant. Ce qui est génial avec un concert comme celui des Melvins, c’est que je ne regrette absolument pas l’époque où j’allais trois fois par semaine au Bota. Avec un tel niveau de qualité, je me contenterais d’une seule sortie par an.

Demain : 31knots. Youhou…

PS : madame me fait remarquer que Buzz Osbourne ressemble à un croisement entre Pedro Almodovar et Tahiti Bob. Y a du vrai…

A regarder :

la vidéo de The Talking Horse



la vidéo de Honey Bucket (ça date...)





Les liens

Le site officiel : www.themelvins.net

Sur MySpace : http://www.myspace.com/themelvins

samedi 13 septembre 2008

31knots – Worried Well

Hasard du calendrier ou pas vraiment, au moment où je m’immerge dans le nouvel album de 31knots, c’est le bouquin 31 Songs signé Nick Hornby qui accompagne mes voyages en train. Eh oui, encore eux. Eh oui, encore lui.

Au-delà du chiffre 31, des lois des nombres, du théorème de Pythagore, des équations à deux inconnues et de la géométrie euclidienne, le parallèle est intéressant puisqu’à des milliers de kilomètres de distance, les deux œuvres convergent vers une même conception de l’idéal musical.

D’un côté, le nouvel album de 31knots (pas encore le 31e, mais ça ne tardera plus) est sans aucun doute le plus abouti depuis It Was High Time To Escape. Il aura fallu digérer les infidélités de Talk Like Blood (je soutiens toujours qu’Hearsay est une chanson reggae jouée en accéléré) et les excentricités de The Days and Nights of Everything Everywhere pour se préparer mentalement à la sortie de Worried Well.

La dialectique de Portland, Oregon

Je n’ai pas retenu grand-chose de mes années passées sur les bancs d’école, mais s’il y a un point que je me rappelle, ce sont les trois étapes du raisonnement dialectique : la thèse (je pose), l’antithèse (j’oppose) et la synthèse (je compose). Socrate ? Platon ? MC Solaar ? Pffff...

31knots a donc posé Talk Like Blood (que je ne renie pas, j’adore Chain Reaction, vraiment), a opposé (le difficile Days and Nights…, même s’il contient quelques perles comme Sanctify ou Man Becomes Me) et compose maintenant ce formidable Worried Well. Comment le décrire ? Je pourrais remplir un annuaire téléphonique rien que sur le titre Compass Commands. En fait, ce n’est pas compliqué : tu prends chaque album de 31knots, tu en retiens la qualité principale et tu la multiplies par deux. Ça donne à peu près ça : Worried Well est plus chanté que Talk Like Blood, plus imprévisible que Days and Nights, plus puissant que It Was High Time to Escape, plus direct que A Word Is A Picture Of A Word, plus sauvage que Climax/Anti-Climax. Je fais l’impasse sur les EP.

J’avais déjà mordu à pleines dents Compass Commands et ses relances à la Chantal Goya qui aurait sniffé du décap’four. Il faudra désormais penser à reconstruire les Twin Towers à la gloire d’Upping The Mandate et The Breaks, rencontres improbables entre un gimmick disco, une rengaine R’n’B et un déraillement de train. L’intro d’Opaque/All White sera de son côté à classer au patrimoine immatériel de l’humanité. Mais s’il ne fallait en retenir qu’une, je prendrais… un peu de tout. Je m’en mettrais plein les veines avec un pistolet à air comprimé, je m’en ferais exploser les tympans. Quelle belle fin pour un tympan.

Forme olympique

Les gars et les garces, prenez-en bonne note : 31knots est au meilleur de sa forme. [suggestion de titre pour Thierry Coljon s’il daigne un jour s’intéresser à la musique : « 31knots est sur son 31 »] Prends donc ton bâton de pèlerin et va. Va répandre la bonne nouvelle dans les écoles, les églises, les bureaux de poste, les gares et les hôpitaux. Les crèches, les chenils, les congrès nationalistes et les bordels du Caucase. Les hypermarchés, les foires agricoles, les fritkots et les bars à tapas. Va et reviens. N’oublie surtout pas la tournée qui passera forcément près de chez toi.

Une histoire de dépucelage

Quel rapport avec Nick Hornby ? Dans l’intro de son livre 31 Songs [conseil à Thierry Coljon : « Nick Hornby on his 31 » ne veut strictement rien dure en anglais], l’auteur explique que les vrais amateurs de musique savent reconnaître une bonne chanson sans devoir nécessairement l’associer à un souvenir. Exemple : j’adore Perfect Day mais je ne peux honnêtement pas affirmer que c’est ma chanson préférée, tout simplement parce que le souvenir qu’elle évoque (l’ouverture du bal de mon mariage) est plus fort que la chanson elle-même. C’est sans conteste un de mes souvenirs musicaux préférés et une chanson dont les cinq premières notes de piano me plongent dans un profond émoi, mais ça s’arrête là. Sorry, Lou. On a ainsi souvent tendance à classer parmi ses morceaux favoris celui sur lequel on a fait l’amour pour la première fois. C’est une grave erreur, d’autant plus qu’il s’agit souvent d’une chanson particulièrement ringarde. [D’ailleurs, la décence m’interdit de citer quelle chanson passait par là le jour où j’ai perdu mon pucelage.]

Or, de leur côté, les grandes chansons s’imposent par elles-mêmes, sans qu’on se sente obligé de les raccrocher à un instant particulier de notre vie. Ainsi, si Rollin & Scratchin me ramène irrémédiablement à ma dernière année d’école et tous les excès qui l’ont émaillée, Rock’n’Roll Suicide ne me replonge dans aucun souvenir, quel qu’il soit. J’ai beau chercher, je n’en vois pas. J’aime cette chanson parce qu’elle me fait froid dans le dos. Le succès démoniaque de Daft Punk est donc à classer sur la BO de ma vie, le dernier titre de Ziggy Stardust ira sur la compile des chansons que j’adore.

Chaque disque de 31knots, et ce dernier album en particulier, échoit* dans cette seconde catégorie : il y a là-dedans ce petit je ne sais quoi qui fait se redresser chaque poil de mon corps, ce qui n’est pas peu dire. Ce n’est pas la voix de Joe Haege, ni la précision chirurgicale de la basse, ni les dommages collatéraux causés par la batterie, ni les samples toussoteux qui me font cet effet. C’est leur combinaison. Et ça, je ne peux pas l’expliquer.

J’imagine que c’est ce qui distingue la raison de la passion. Ou un truc du genre. J’ai dit que je n’avais pas retenu grand-chose de l’école.

* qui eut cru que le verbe échoir aurait un jour sa place ici ?

A regarder : la vidéo de Compass Commands



Les liens:

Le site officiel : www.31knots.com
Sur MySpace : www.myspace.com/31knots

samedi 6 septembre 2008

Une télé, une radio et deux belles promesses

Dear Science ne sortira que le 23 septembre, mais deux extraits du nouvel album de TV On The Radio sont déjà en écoute sur le site du groupe new yorkais : le très funky Golden Age et le plus remuant Dancing Choose. Ça promet tout ça.

Je ne sais pas si c’est un bug ou si c’est volontaire, mais sur la page d’accueil, il est possible de superposer les deux chansons en jouant avec le bouton skip. Effet décoiffant garanti.

Les liens :

www.tvontheradio.com

www.myspace.com/tvotr

mardi 2 septembre 2008

La pub, c'était mieux avant...

... quand j'avais 16 ans, par exemple, et que je restais collé devant MTV après l'école.