lundi 23 septembre 2013

Vidéos : OMSQ live in UK

Ça, c’est fait. Les deux premières dates de OMSQ à l'étranger, en l'occurrence en Angleterre, sont derrière nous. C'est le résultat d'énormément de boulot, souvent frustrant (plus de 280 emails envoyés à des promoteurs locaux, pubs, salles de concert, etc.) mais tellement jouissif quand la réponse positive tombe enfin. Il faut préciser que le principe de "pay to play" est malheureusement largement d'application outre-Manche. Le concept est aussi simple que destructeur pour des groupes de notre calibre : "Si tu veux jouer chez nous, pas de problème. Mais tu devras d'abord acheter 30 billets à 6£/pièce pour ton propre concert. Libre à toi de les revendre au prix de ton choix. Si tu n'es pas capable d'amener 30 personnes, alors c'est mieux de chercher ailleurs." Lire entre les lignes : on veut bien vous programmer mais on ne prendra aucun risque. Ce principe ferme de facto la porte à la plupart des groupes étrangers de notre trempe.

Au final donc, une micro-tournée plus qualitative que quantitative, qui - malgré nous - nous a évité d'écumer des pubs sales et à moitié vides pour nous concentrer sur deux prestations dans des endroits exceptionnels.




D'abord le MalcFest, à Charing, dans le Kent. Initialement imaginé comme la grande fête d'anniversaire de Malcolm Gayner, le batteur de Djevara, l'événement s'est au fil des années muté en un festival qui rassemble toutes les rencontres musicales que Malcolm a pu nouer lors de ses nombreuses tournées. Un vieux pub façon auberge des chasseurs, paumé au milieu de nulle part et entouré de prairies, plusieurs scènes sous tente. Festival entièrement gratuit, plus de 60 groupes à l'affiche sur trois jours, venus des quatre coins de l'Europe. Camping sauvage, barbecue à l'arrache, happenings un peu partout... le vrai festival DIY où les gens viennent s'en mettre plein les oreilles, dans des styles aussi variés que le hardcore, le punk rock, la power pop, le folk traditionnel, l'electro garage, le blues, etc.

Nous étions programmés le vendredi, à 14h40, dans la Green Tent. Tente cosy, on s'y amasse à 20, peut-être 30 en se serrant et en comptant les musiciens et leurs instruments. D'autant que dehors, il flotte comme vache qui pisse. Idéal pour balancer un set de 45 minutes, sur une sono de fortune. Les amplis ne sont pas repiqués, on se contente de balancer les samples en façade, ce qui ne les empêche pas de saturer. Le concert n'est certainement pas notre meilleur, mais la proximité sous cette tente pas tout à fait étanche a aidé à créer une vraie symbiose avec un public apparemment assez heureux de se faire détruire les oreilles. C'est comme si on jouait en famille, autour d'un feu ouvert, dans notre salon.



Sur la suite du festival, on a pu découvrir des tas d'artistes intéressants. Le duo punk-noise Lamo, le doom épique des vétérans de Khthon, la virtuosité acoustique de Tener Duende, la prestation electro-trash de l'incroyable Leevil, etc.

Le lendemain, direction Camden, à Londres, pour jouer dans une salle qui traîne derrière elle une solide réputation : The Underworld. Au MalcFest, tout le monde semblait admiratif à l'idée qu'on se produise dans cet endroit, présenté comme l'eldorado pour toute une scène qui pratique un rock lourd, du stoner au metal le plus extrême. Quelques semaines avant nous, Carcass s'y était produit. Dans le couloir qui mène au bar, quelques photos de nos illustres prédécesseurs : Josh Homme, Max Cavalera, Dave Grohl... On n'est pas là pour rigoler.

Ce jour-là, nous sommes à l'affiche d'un "All Dayer" baptisé "Ouch My Generator", ces concerts qui s'étalent sur toute une après-midi. 10 groupes à l'affiche, nous avons l'honneur de passer en quatrième position et d'être le seul groupe étranger programmé ce jour-là. En tête d'affiche, une référence sur la scène prog-sludge britannique : Humanfly, un groupe de Leeds qui tournait encore cette année avec Bongripper et Conan. Excusez du peu. Parmi les autres, on retrouve le screamo de Palehorse, le post-rock de Solaris, le sludge de Nomad, l'emocore de Sumer, l'afro-punk de Vodun...



Les conditions sont ultra strictes : 30 minutes par concert. Entre chaque concert, un battement de 15 minutes pour permettre au groupe précédent de démonter... pendant que le suivant s'installe. Un stage manager s'assure du respect du planning, chronomètre à la main. Juste avant nous, Solaris se fait couper la chique au bout des 30 minutes prévues : alors qu'ils entament un dernier morceau, l'ingé-son coupe les micros, rallume la scène et envoie un cd. On ne rigole pas avec l'horaire à l'Underworld.

Nous voilà donc sur scène, avec 15 minutes pour monter notre brol, sachant que la veille, au MalcFest, on a mis 1h15 pour finaliser le soundcheck... Ce n'était pas gagné. Lorsque le stage manager annonce qu'il nous reste 4 minutes, je suis encore en train de brancher mes pédales. A 2 minutes, j'accorde ma guitare. Et quand tout s'éteint et que Ludo, notre bassiste, soupire "Bon, on y va...", on n'a tout simplement pas fait de soundcheck.

On balance la sauce, aveuglés par des spots qui ne nous laissent entrevoir que le premier rang. Première bonne surprise : le son est excellent. Il faut dire que l'Underworld laisse peu de place au hasard. Trois personnes qui s'occupent du son, on n'avait encore jamais eu droit à ça avec OMSQ.

Evoquons brièvement les ennuis techniques du premier morceau : Ksa, l'autre guitariste, pète une corde après une minute de concert à peine, a laissé sa 2e guitare en backstage, se précipite sur ma guitare de secours mais ne m'entend pas quand je lui crie qu'elle n'est pas accordée. Il se rebranche, constate que rien ne sonne et quitte la scène, nous laissant terminer ce premier morceau à trois.

Ce set commençait de la pire des façons. Pas le temps de tergiverser. On a 30 minutes pour jouer. On a roulé des heures et des heures pour arriver jusqu'ici, ça nous a coûté un bras en ferry, en carburant, en parking. Pas question de se dégonfler.

Fin du premier morceau, le public ne semble pas nous tenir rigueur de cet incident. Ksa réapparait sur scène, plus furieux que jamais. C'est bon signe. Pied au plancher, on envoie un set serré, plus compact qu'à l'accoutumée, préparé spécialement pour l'occasion. Les morceaux défilent et, malheureusement, au bout de quatre titres, les 30 minutes sont déjà écoulées, alors que nous devons encore aborder notre final. Un bref regard à Patrice, l'organisatrice de l'événement, qui ne quitte pas le premier rang. Elle répond de continuer. Nous aurons été les seuls ce soir-là à déborder sur l'horaire prévu.

Sortis de scène, on sympathise avec les autres groupes à l'affiche ce jour-là. On entend des choses qu'on n'avait pas eu l'habitude d'entendre. Un gars nous compare à Cult of Luna, l'organisatrice nous demande de lui dédicacer un disque. Apparemment, on a marqué un grand coup. Jouer sans réfléchir, la rage au ventre, semble nous réussir.



On prend des contacts avec plein de gens. C'était le but premier de cette très brève tournée anglaise. Rencontrer, discuter, jouer, convaincre, préparer l'avenir. On reviendra en Angleterre, c'est certain. Et sans doute à l'Underworld.

En attendant, il est temps de redescendre, d'expulser cette tension ressentie sur scène. Il est temps de se bourrer la gueule. On reprendra la route le lendemain. Et on reviendra en Angleterre en 2014.

On a filé des badges et des stickers à tous ceux qu'on a rencontrés. Même aux chiottes. Même à la pizzeria. Et même aux chiottes de la pizzeria. Histoire de laisser une trace de notre premier passage en Angleterre. Histoire qu'ils ne nous oublient pas.



Les liens

Les photos du périple anglais par Séverine Bailleux
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OMSQ sur BandCamp

mardi 3 septembre 2013

Un nouvel EP pour les Pixies


Les Pixies viennent de sortir un nouvel EP de quatre titres, qui peut être téléchargé directement depuis le site www.pixiesmusic.com.

Les collectionneurs se précipiteront sur le package qui comprend l'EP en vinyle 10 pouces, limité à 5.000 exemplaires, ainsi qu'un tshirt inédit pour la modique somme de... 36 euros, hors frais de port (entre 6 et 12 euros supplémentaires, selon la méthode choisie). Le vinyle seul vous coûtera 18 euros.

Les plus dubitatifs se contenteront du téléchargement seul, facturé 4 euros.

L'EP se décline à travers 4 titres :

"Andro Queen" n'annonce rien de bon. Mélodie synthétique fade, voix mièvre (ne me dites pas que c'est un Vocoder ???), tempo anémique. Je me réjouis d'atteindre rapidement les 3'24 de cette mise en bouche pour passer à autre chose. J'imagine que ceux qui préfèrent le côté "Where is my mind" y trouveront leur compte. Pour ma part, j'ai toujours eu un penchant pour les pièces plus caustiques, façon "Mr Grieves", "Gouge Away" ou "Alec Eiffel".

Sur "Another Toe", le groupe redresse légèrement la barre. Sans t'exploser au visage, on retrouve déjà un son plus mordant, moins aérien. On reste toutefois loin de la fureur qui a pu caractériser les Pixies d'autrefois. Le registre exploré ici rappelle plutôt la période Frank Black and The Catholics. Ce n'est pas ce qu'il a fait de pire en solo, mais ça n'a jamais tutoyé les sommets de l'époque où on se prenait des coups de boules en gueulant sur "Isla de Encanta". On navigue ici plutôt sur les eaux rassurantes d'un rock FM qui tiendrait tout à fait sa place dans une émission matinale de Classic 21.

A l'inverse des deux premiers morceaux, "Indie Cindy" m'a directement convaincu, avec son alternance de sons plus agressifs et de refrains poppy. La guitare tranche enfin, avec ce jeu inspiré du surf rock californien auquel Frank Black excelle pour ajouter une bonne couche de crasse. On retrouve enfin ses repères, même si l'explosion ultime se fait encore attendre. Je frémis en devinant un vers tel que "You put the cock in cocktail" suivi d'un fallacieux "I'm in love with your daughter".

Pour la réelle déflagration, il faudra patienter jusqu'à "What Goes Boom", dernier titre (déjà ?) d'un EP qui, en quatre titres, tente le pari impossible de réconcilier toutes les facettes des Pixies, de la plus pop à la plus violente. "What Goes Boom" s'aventure du côté des saturations, la batterie frappe plus fort, le chant se veut plus saccadé et c'est ça que j'attendais des Pixies. Dommage qu'on s'arrête en si bon chemin.

Les Pixies sont-ils définitivement (et surtout musicalement) de retour ? Après une très lucrative reformation qui a vu le groupe étrenner toutes les scènes du monde pour le meilleur (la tournée de 2004) et le pire (le scandaleux Doolittle Tour en 2009), il faudra sans doute patienter encore un peu pour affirmer que les Pixies sont mus par autre chose que leur compte en banque. Ce nouvel EP se révèle intéressant et trace les pistes d'un futur album, sans toutefois oser le parti pris. Un peu trop consensuel à mon goût, ça sent surtout le ballon d'essai avant un éventuel nouvel album.

Impression confirmée quelques semaines après la sortie du single Bagboy, qui emprunte lui aussi une autre voie, que je trouvais personnellement plus imaginative, sans être subjugué pour autant.