dimanche 29 avril 2007

Shining enfonce le clou

Je le dis et je le répète. Il y a des disques qu'on prend comme une claque dans la gueule. Mais Grindstone, le dernier album des norvégiens de Shining s'encaisse comme un violent coup de latte au cul. Cocktail imprévisible de free jazz et de rock progressif, ce disque nous plonge au coeur d'une visite cauchemardesque dans un hôpital psychiatrique... d'heroic fantasy. A écouter de toute urgence !
Pour rappeler que les racines de ce quatrième album sont à puiser au plus profond du rock prog, Shining a interprété à sa sauce "21st Century Schizoid Man" de King Crimson pour une radio norvégienne. Le résultat est à écouter ici. L'émission dure environ une heure et je présume que tous mes charmants lecteurs ne maîtrisent pas le norvégien. Le passage de Shining est à chercher après environ 3/4 d'émission. Bon courage quand même...

De nombreux extraits de ce somptueux album sont à écouter ici.

Site officiel : www.shining.no

Photo: Lars Sandåker

samedi 28 avril 2007

The Cinematic Orchestra - Ma Fleur

Et mon cul ?

A mon grand désarroi, le nouvel album de The Cinematic Orchestra décroche haut la main le titre de la plus grosse déception musicale des 10 dernières années. Un groupe que je suis à la culotte depuis si longtemps, qui a sorti tant de belles choses dans le milieu jazzy et qui tombe dans la popinette d'ascenseurs, ça fait vraiment peine à entendre. Après 10 écoutes acharnées de Ma Fleur, "transparente" est le seul qualificatif que m'inspire cette succession de chansons sans âme. C'est typiquement le genre d'album qui passe totalement inaperçu: la dernière plage arrivée à terme, il faut dix bonnes minutes pour réaliser que le calvaire est terminé. Après deux titres, mon attention était déjà ailleurs.
J'ai deux théories pour expliquer le niveau au ras des pâquerettes de ce quatrième album de The Cinematic Orchestra.

Théorie n°1
Après avoir sorti trois albums acclamés haut et fort par la critique (Motion, Everyday, The Man With The Movie Camera), réalisant la synthèse parfaite entre acid-jazz instrumental et cultures urbaines marquées tant par le hip hop que par la drum'n'bass, les lascars de The Cinematic Orchestra se rendent compte que l'avant-garde, c'est bien joli mais ça ne paie pas les factures. Ils scrutent donc de près la tête des charts et décident de sortir l'album-pute qui leur permettra d'être diffusés sur les ondes les plus fréquentées de la FM. On emprunte donc trois notes de piano miéleuses à Coldplay, le chant prépubère de Keane et des arrangements gonflés aux violons pleurnichards. Au diable les lignes de contrebasse groovy, la batterie hyperkinétique et les tsunamis de saxophones. Place à la pop larmoyante qui trônera par caisses de douze sur les présentoirs de HMV, histoire de vendre quand même quelques milliers de disques et de pouvoir enfin s'offrir une familiale de marque suédoise. Il n'y pas de raison que ce soient toujours les mêmes qui en profitent.

Théorie n°2
Jeff Buckley a eu un fils illégitime avec Brian Molko avant sa dernière partie de pêche. Frustré que son existence soit restée cachée pendant tant d'années, le gosse a décidé de frapper un grand coup : depuis 6 mois, il séquestre The Cinematic Orchestra dans un ranch du Wyoming, les oblige à enregistrer ses propres compositions sur son iMac et espère que le fruit des ventes de cet album inepte lui permettra de s'offrir les cours de navigation qui ont jadis tant manqué à son père. Sa licence en poche, il libérera les musiciens et partira vivre parmi les siens sur l'Ile de Pâques.

Dans les deux cas, j'espère que The Cinematic Orchestra se sortira rapidement de ce pétrin pour revenir à des compositions qui correspondent mieux à l'étendue de ses talents. Mais pour cette cuvée 2007 qui a tourné au vinaigre, je suis désolé, ce sera un zéro pointé.




jeudi 26 avril 2007

MSTRKRFT - The Looks

La BO de l'été printanier

N'étant pas en principe un grand fan de dance music ou de house, je dois confesser que, chaque année, je me laisse séduire par l'un ou l'autre disque qui s'invite par une oreille et refuse obstinément de sortir par l'autre. J'ai ainsi craqué dans le désordre pour les grooves de Wagon Christ, Mental Overdrive, Lindström & Prins Thomas, Jackson & His Computer Band, Mylo, Soldout. Un rayon de soleil appuyé, un apéritif maison de trop, quelques beats bien carrés ont ainsi facilement raison de mon aversion épidermique pour les dancefloors.
En 2007, été printanier ou printemps estival selon les goûts, les machines à danser sont également à l'avance. Et mon choix se porte, tout naturellement, sur le duo canadien MSTRKRFT (à prononcer mastercraft). L'album The Looks est tout simplement une usine à tubes pour danser toute la nuit. Ce n'est pas compliqué, sur les huit titres que comporte le disque, on dénombre pas moins de... huit méga-bombes qui ne demandent qu'à enflammer nos soirées. La recette n'a rien de révolutionnaire et c'est sans doute cette simplicité qui fait mouche. Sans faire de chi-chi, MSTRKRFT se concentre sur l'essence de la dance-music : provoquer l'hystérie avec des boucles bien calées entre des rythmes très carrés. Puissante, efficace. Rien à redire.
L'histoire nous dira si, dix ans après le Homework de Daft Punk, MSTRKRFT aura signé une des plus belles pages de la dance. Laissons ce débat aux historiens, je dois filer, j'ai des fourmis dans les guibolles.




Liens intéressants :

Le site officiel : www.mstrkrft.com/
Sur MySpace : www.myspace.com/mstrkrft

La vidéo (très Daft Punk) de Work On You :

mardi 24 avril 2007

Someone Still Loves You Boris Yeltsin

A peine opportunistes

Il y a parfois des hasards de calendrier qu'on pourrait confondre avec un petit coup de pouce du destin. En effet, le 22 mai, sortira le 2e album de Someone Still Loves You Boris Yeltsin, quatuor qui se décrit comme le 3e meilleur groupe de Weller Street, à Springfield, Missouri. Visionnaire, SSLYBE avait annoncé de longue date que l'album s'intitulerait Not Worth Fighting, un titre que l'ancien président russe a appliqué à la lettre pas plus tard qu'hier. Paix à son âme.
Adepte des petites perles indie pop, SSLYBE avait déjà sorti un premier album en 2005, intitulé Broom et enregistré au fond d'un grenier. Not Worth Fighting sera donc leur premier album enregistré avec de vrais moyens de vrai groupe. Half Awake Deb, le premier extrait de ce nouvel album à écouter sur MySpace est un vrai régal. On guettera donc impatiemment la sortie de l'album complet.

Liens intéressants :

Le site officiel : http://www.morawk.com/boris/regular.html
SSLYBE sur MySpace : http://www.myspace.com/boris (sans doute le seul groupe dont le nom est plus long que l'url de leur page myspace)
Oregon Girl, extrait du premier album à télécharger ici.

dimanche 22 avril 2007

Eurovision 2007 : les Suisses en plein scandale

Des critiques qui sentent l'ail

Cette année, c'est DJ BoBo qui a été choisi pour représenter les couleurs helvétiques au Concours Eurovision de la chanson. Habitué des charts dans les pays germaniques, DJ BoBo a surtout connu le succès en 2003 avec son tube Chihuahua, qui servit à promouvoir les vertus d'une célèbre boisson pétillante aux extraits végétaux.
Au pays des montres, cette nomination a suscité une vague de protestations d'associations et partis politiques de tendance chrétienne. En effet, la chanson qu'interprétera le digne successeur de Céline Dion (Ne Partez pas sans moi, en 1988 - le temps passe si vite) s'intitule Vampires Are Alive, ce qui a le don de dresser les cheveux sous les calottes. Du coup, l'Eidgenössisch-Demokratische Union (EDU) y va de sa pétition pour réclamer le retrait de la chanson qui ferait l'apologie "du satanisme et de l'occultisme". En deux semaines, la pétition a récolté plus de 40 000 signatures ! Waouw !
Pourtant, un coup d'oeil furtif au clip de la chanson incriminée permet de rétablir la vérité historique : DJ BoBo est aussi sataniste que Soeur Sourire une disciple de Charles Manson. Allons les gars, un peu de sérieux...
Reste que cette tempête dans un verre d'eau bénite pourrait bien faire les affaires de DJ BoBo. Analysons rapidement ses chances.

Ses atouts :
- C'est un Dieu vivant en Allemagne, où il écoule ses singles par palettes depuis plus de 15 ans. Or, il ne faut jamais négliger le vote allemand. Jamais !
- Malin comme un singe, il mélange deux recettes à succès : d'un côté, une chanson euro-dance typique des campings de la Costa Brava, de l'autre, un clin d'oeil gros comme un camion au côté obscur de la force qui avait permis à Lordi de l'emporter l'an dernier. OK, le résultat est indigeste, mais si c'était un critère de choix à l'Eurovision, ça se saurait.
- Le demi-scandale déclenché par les suceurs de Ricola en soutanes lui fait une excellente publicité.

Ses faiblesses :
- Il concourt pour la Suisse. Or, c'est cette confédération qui a lancé la carrière de Céline Dion en 1988. Vingt ans plus tard, l'Europe est-telle prête à pardonner ?
- La ménagère de plus de 70 ans risque de se pisser dessus de peur. Les autres vont se pisser dessus de rire.
- Le message (une critique acerbe de la fiscalité helvétique jugée trop sévère ?) n'est pas d'une clarté cristalline. Johnny et compagnie se laisseront-ils séduire par le vote utile ?

Pronostic : le vote allemand devrait lui permettre d'espérer une place dans les 10 premiers.

La vidéo :



Le site officiel de l'Eurovision : www.eurovision.tv

vendredi 20 avril 2007

Sonic Youth sort une réédition de Daydream Nation

L'album Daydream Nation, initialement sorti en 1988, sera décidément à l'honneur cette année. Non seulement Sonic Youth réinterprétera en live cette oeuvre magistrale lors de plusieurs concerts (Londres, Barcelone, Berlin, etc.), mais Geffen a également annoncé qu'il ressortirait l'album en édition de luxe, accompagné d'un 2e CD de 15 titres composé d'enregistrements live, de démos et de chansons inédites. On y retrouvera notamment 4 reprises :
- Within You, Without You des Beatles
- Computer Age de Neil Young
- Electricity de Captain Beefheart
- Touch Me I'm Sick de Mudhoney

Cette réédition sera disponible en double CD et en quadruple vinyle. Sortie dans les bacs prévue pour le 12 juin.

Site officiel : www.sonicyouth.com

Dieu vous parle

Mille sabords
Ce vendredi 20 avril marque une étape importante dans la vie de ce blog qui vient d'enregistrer sa 1000e visite depuis la mise en place de ce merveilleux compteur. Nous tournons actuellement à un rythme de 15 à 30 visites par jour, ce qui n'est déjà pas si mal. Merci à tous les lecteurs, fidèles ou pas.
En tant qu'animateur unique de ce blog, je dois toutefois vous confesser l'objet de mes frustrations : ne pas connaître l'avis des afficionados qui consacrent quelques minutes chaque semaine à lire les dernières mises à jour du site. Je suis en effet conscient que ce blog pourrait être amélioré et j'aimerais que vous vous manifestiez : je vous invite donc à me faire part de vos réactions. Je n'ai pas la prétention de tenir un blog parfait, donc n'hésitez pas à me communiquer vos remarques, qu'il s'agisse du ton général des articles, des sujets abordés, de la mise à jour parfois un peu bancale, etc.
J'ai d'ailleurs créé une adresse email à laquelle vous pouvez désormais envoyer toutes vos suggestions : newkicksontheblog@gmail.com

Je me rends compte également que l'administration d'un blog demande une certaine disponibilité, pas toujours compatible avec les horaires de travail de l'homme moderne. Je lance donc un appel à toutes celles et ceux qui seraient intéressés de contribuer à ce travail. Soumettez-moi vos idées et nous verrons comment faire avancer ce blog ensemble.

Enfin, un petit point sur les évolutions à venir.
Il est toujours question de basculer prochainement vers une nouvelle plateforme. Le nom de domaine www.newkicks.be est désormais ma propriété. J'ai commencé à organiser la bascule, qui s'avère pour l'instant plus compliquée que prévue. Mais logiquement, pour la fin du 1er semestre, la nouvelle formule devrait être opérationnelle.

En attendant, on se satisfait de ce qu'on a et j'espère rencontrer vos attentes.

J'attends impatiemment vos commentaires sur newkicksontheblog@gmail.com.

A bientôt

mercredi 18 avril 2007

31knots - The Days and Nights of Everything Anywhere

Comme le bon vin ?

Dans l'histoire de la musique pop-rock, il existe de nombreux cas d'albums qui se situent totalement à la marge du reste de la discographie de leurs géniteurs. Non pas qu'il s'agisse de mauvais albums (ce cas existe aussi évidemment, mais ce n'est pas le sujet), mais plutôt de disques à l'approche tellement inattendue qu'ils mirent du temps à s'imposer comme des références. Souvent, ces albums ont d'abord dérouté plus qu'ils n'ont séduit avant d'être reconnus comme la sortie de piste salutaire, voire nécessaire pour faire le tri entre les admirateurs opportunistes et les vrais connaisseurs. Les exemples pululent et un rapide coup d'oeil à la colonne de CD qui s'érige derrière moi me permet d'en citer quelques uns :

- David Bowie - Outside : sorti en 1995, alors que Bowie était en pleine traversée du désert pop-variété, ce disque caresse le fan de la première heure à rebrousse-poil en proposant des chansons électroniques aux structures tortueuses et des sonorités jusqu'alors réservées aux papes de l'electro underground. Dix ans plus tard, Outside est désormais considéré comme une des pièces maîtresses de l'oeuvre de Bowie, au même titre qu'Aladdin Sane ou la trilogie berlinoise Low - Heroes - Lodger.
- Sonic Youth : Washing Machine : la même année qu'Outside, Sonic Youth sort l'album qui lui évite de justesse de se voir récupéré dans la vague grunge qui a valu à Pearl Jam et à Alice In Chains de passer en boucle sur MTV. Radical dans sa démarche, Washing Machine surprend à chaque virage avec en points d'honneur Little Trouble Girl et ses choeurs chantés par une Kim Deal qui vous glace le sang et The Diamond Sea, ballade hypnotique qui approche la demi-heure. Aujourd'hui encore, Washing Machine reste un OVNI dans la discographie de Sonic Youth.
- Radiohead - Kid A : après le succès phénoménal d'OK Computer, les critiques du monde entier considéraient déjà Kid A comme un chef-d'oeuvre, avant même d'en avoir entendu la moindre note. Pourtant, bien des midinettes qui avaient roulé leur première pelle au son de Creep ou High and Dry ont tiré une vilaine tronche en cherchant en vain le tube qui sommeillait dans Kid A. Car il n'y en avait évidemment pas. Les surdoués d'Oxford avaient préféré sortir un album touffu, truffé d'expérimentations électroniques et d'improvisations jazz. Ce qui leur a valu par la même occasion de se racheter une crédibilité et de refiler définitivement la patate chaude à Coldplay, tombé à point nommé pour reprendre le rôle de champion du monde de la ballade faussement rock.

Quel rapport avec le nouvel album de 31knots ? C'est pourtant simple : The Days And Nights Of Everything Anywhere est tellement hermétique aux premières écoutes qu'il entre directement dans cette catégorie des disques "accidents", à ne pas confondre avec les accidents de parcours. Pratiquement méconnaissable sur les 3 premiers titres de cet album, 31knots se cache d'abord derrière des samples entêtants, des brouhahas répétitifs et des choeurs féminins. Ce n'est qu'à partir du 4e morceau, le somptueux et bien nommé Man Become Me, que le trio de Portland renoue avec la fougue qu'on avait connue sur les albums précédents, et surtout sur le très alléchant EP Polemics, sorti il y a quelques mois à peine. Mais sur le suite du disque, 31knots continue à brouiller les pistes et propose des titres généralement plus lents et plus complexes que ce qu'on avait pu entendre sur It Was High Time To Escape ou Talk Like Blood. La guitare de Joe Haege, d'habitude si rageuse, est mise ici en sourdine sur la moitié des titres, au profit de trompettes et de pianos. Le très bruyant Imitation Flesh paraît bien seul pour évoquer la fureur d'antan. A écouter les commentaires ("Mais quelle mouche les a piqués ?"), on serait presque tenté de condamner aux oubliettes ce 5e album de 31knots. Et si on prenait tout simplement le temps de le laisser mûrir ? Et si on laissait ces chansons inattendues révéler leurs secrets au fil des écoutes ?
Pour celles et ceux qui connaissent mal 31knots, précisons tout de même que ce dernier album n'est certainement pas la meilleure entrée en matière pour découvrir ce groupe aux multiples talents. On conseillera plutôt en entrée les succulents It Was High Time To Escape, The Curse OF The Longest Day et The Rehearsal Dinner. A ne manquer sur scène sous aucun prétexte : à Hannut le 4 mai, à Bruxelles le 5, à Courtrai le 6 et à Verviers le 7...








Site officiel : www.31knots.com
Sur MySpace : www.myspace.com/31knots

31knots tourne actuellement en Europe et sera de passage pour 4 dates en Belgique du 4 au 7 mai. Plus d'infos sur le site officiel.

Le clip de Beauty



Deux live déjantés tournés le mois dernier (face à un public médusé)



vendredi 13 avril 2007

Blonde Redhead - "23"


Lisse et pleinement assumé

N'y allons pas par quatre chemins : depuis Melody Of A Certain Damaged Lemon paru en 2000, Blonde Redhead n'a plus rien produit de vraiment excitant. Misery Is A Butterfly, sorti en 2004, laissait augurer un recentrage plus pop, confirmé haut la main par ce "23", tout fraîchement sorti des studios. Ce glissement vers une musique plus sage, des mélodies plus posées et des structures plus conventionnelles est d'autant plus regrettable qu'il est pleinement assumé par le trio. Ce 7e album consacre donc une série de chansons pop sophistiquées, aux refrains travaillés et aux arrangements trop soignés. Ce qui rend la critique encore plus facile, c'est qu'il y a quelques mois, Deerhoof, qu'on a longtemps considéré comme le meilleur disciple de Blonde Redhead, négociait également une courbe rentrante avec Friend Opportunity, mais avec nettement plus de succès cette fois. Pourquoi ? Parce que ce virage impromptu refusait de faire table rase du passé. Certains parleront donc de passage de flambeau...

En tout cas, une chose est certaine : ceux qui ont adoré les albums cruciaux de Blonde Redhead que sont La Mia Vita Violenta (1995), Fake Can Be Just As Good (1997) et surtout le visionnaire In An Expression Of The Inexpressible (1998) risquent de détester la cuvée 2007. Et vice versa.


De mon côté, je vais continuer à écouter les premiers albums de Blonde Redhead pour conserver en mémoire l'image d'un groupe qui a su réveiller le rock indie des années 90 et carrément l'autopsier avec le fameux In An Expression..., à coup sûr l'un des meilleurs disques des années 90.











Site officiel : www.blonde-redhead.com

!!! - Myth Takes

Les chouchouchous de Marie Arena

Ambiance de folie hier soir à l'Ancienne Belgique pour le premier passage live de !!! dans une salle du Royaume (on ne les avait jusqu'alors vus qu'au Dour Festival en 2004). Objectif pour les New Yorkais : confirmer dans une enceinte fermée leur réputation de bêtes de scènes. Verdict : le plancher de l'AB a bien souffert car c'est toute la salle qui a dansé de plus belle pendant presque 1h30. Après 10 premières minutes hésitantes et quelques temps morts malvenus, !!! a conquis le public avec un show extravagant mené à 100 à l'heure. Sans exagérer dans les décibels (ce qui est vraiment agréable à cette époque où il est devenu quasi impossible d'assister à un bon concert sans boules Quies), les 8 mecs de !!! ont profité à fond des capacités acoustiques de l'AB pour livrer le meilleur de leur musique à mi chemin entre funk, electro et punk. Le grand écart parfait entre James Brown et Madball.

"Et sur album ?" me direz-vous. Il est indéniable que les litres d'adrénaline débauchés sur scène par !!! ne ressortent pas forcément à l'écoute de ce 2e album, intitulé Myth Takes. La même remarque valait pour Louden Up Now, leur premier disque sorti en 2004. Il n'en demeure pas moins que Myth Takes constitue un excellent CD, avec un son et une personnalité très marqués. C'est le disque parfait pour danser toute la nuit ou tapoter du volant dans les embouteillages en rentrant le soir.

Remarque : il a encore fallu que je croise notre ministre-présidente de la Communauté française se trémoussant au milieu de la foule hier soir. Il y avait quelque chose d'ironique à entendre !!! hurler "Suck my fucking dick" pendant que Marie Arena démontrait ses aptitudes à se remuer perchée sur des talons hauts. Je l'avais déjà croisée l'été dernier à un concert du Peuple de l'Herbe. D'où mon hésitation : Marie Arena possède-t-elle vraiment une belle discographie electro ou épluche-t-elle le catalogue des endroits place to be seen à l'approche de chaque échéance électorale ?
En tout cas, les paris sont pris pour savoir quel sera le prochain concert au cours duquel j'aurai la chance de la croiser : Amon Tobin, Didier Super ou Machine Head ? Je regrette vraiment qu'elle ne soit pas venue voir GWAR le mois dernier...

Site officiel : http://chkchkchk.net/
!!! sur MySpace : http://www.myspace.com/chkchkchk

mercredi 11 avril 2007

Matamore Label Night ce samedi à l'Ancienne Belgique

Ce samedi 14 avril, l'Ancienne Belgique consacrera une soirée entière au très dynamique label wallon Matamore. Sur la scène de l'AB Club se succéderont Sepia Hours, Half Asleep, Some Tweetlove, V.O. et Raymondo. Une soirée à ne pas rater...

En guise de mise en bouche, lisez ici l'article sur le sujet signé aKa de la Blogothèque.

Et évidemment, plein de liens intéressants :

Le label Matamore
Le web label Sundays In Spring qui propose en téléchargement gratuit de nombreux albums et EP, dont ceux de V.O. et Sepia Hours
Le site officiel de Half Asleep qui propose également le dernier album en téléchargement gratuit
Some Tweetlove sur MySpace
Le site officiel de Raymondo

mardi 10 avril 2007

Shining - Grindstone

Shmilblik scandinave

En 2003, le combo electro-jazz norvégien Jaga Jazzist est en plein buzz. Des dix membres, chacun y va de sa petite aventure en solo : le batteur Martin Hornveth se découvre des talents de compositeur, son frère Lars jongle avec les instruments et les laptops sur l'album Pooka et, plus discret, le saxophoniste - flutiste Jorgen Munkeby fonde Shining. Ce dernier avait déjà pondu en 2001 Where The Ragged People Go dans l'indifférence générale. En 2003, Shining enfonce le clou avec Sweet Shanghai Devil et commence enfin à éveiller l'intérêt des observateurs. Très marqués par le free jazz, ces deux premiers opus ne parviennent toutefois pas à faire décoller la réputation du groupe.
Ce n'est qu'en 2005 que Shining explose véritablement avec la sortie de l'improbable In The Kingdom Of Kitsch You Will Be A Monster. Sur ce troisième album, le combo norvégien brouille les pistes à chaque morceau, alternant sans prévenir improvisations jazz et lourdeurs empruntées au rock progressif. La basse puissante, omniprésente sur ce disque, sème la confusion sur chaque titre. Le ciel s'obscurcit sévèrement sur cet album fortement inspiré par les vieilles musiques de films d'horreur. In The Kingdom... est aussi rassurant qu'une randonnée en solitaire en pleine forêt scandinave par une nuit sans lune.
Cette année, Shining reprend du service avec Grindstone et poursuit son inquiétant mélange des genres, abandonnant même ses racines jazz sur plusieurs titres. Plus sombre que jamais, la musique de Shining n'hésite plus à recourir à des cascades de synthés, au chant possédé qui évoque par moments le Mike Patton de Fantômas et aux guitares démoniaques d'un King Crimson. Ahurissant dans son approche d'opéra rock glacial, ce quatrième album restera sans doute l'un des disques les plus insaisissables de l'année.





Plusieurs extraits de Grindstone peuvent être écoutés ici.

Site officiel de Shining : www.shining.no

lundi 9 avril 2007

Impressions du festival Rhâââ Lovely

Ce samedi 7 avril, la petite commune de Fernelmont, près de Namur, a accueilli la 8e édition du festival Rhâââ Lovely. Entre une Silly Pils et un verre de Troublette, nous avons tout de même pris la peine d'aller voir quelques concerts. Morceaux choisis.

Du tout bon

K-Branding
En plein milieu de l'après-midi, ce sont les belges de K-Branding qui assènent le premier coup de massue. Trio punk-jazz formé d'un batteur, d'un saxophoniste et d'un guitariste, K-Branding livre un set musclé, qui emprunte tant aux improvisations free jazz qu'au rock expérimental de Liars. Loin de tout conformisme, leur musique se construit selon un assemblage de sons plus tordus les uns et que les autres, soutenu par une batterie épileptique. Première claque de la journée face à ces trois fous furieux en transe dans un champ du Namurois.

Site officiel : www.k-branding.be

Rothko
Un peu plus tard dans la journée, ce sont les Britanniques de Rothko qui, dans un style tout autre, ont démontré l'étendue de leur talent. Ce quatuor atypique (deux basses, une batterie et un claviériste-bruitiste) a envoûté le public de ses paysages sonores dépouillés. Ambiances post-apocalyptiques pour ce groupe dont l'album Wish For A World Without Hurt sorti en 2003 s'inspire ouvertement de l'après 11 septembre. Sur scène, le dialogue entre les deux basses (chaque instrument joue quelques notes puis cède la "parole" à l'autre et ainsi de suite) est simplement superbe. Peut-être la plus intello de la journée, la prestation de Rothko n'en demeure pas moins intrigante. L'approche minimaliste n'est pas sans rappeler celle du duo allemand http://www.rothkomusic.co.uk

Part Chimp
Avec Part Chimp, on entre carrément dans la catégorie des poids lourds. Le soundcheck expédié en quelques minutes annonçait déjà la couleur : amateurs de sophistication, passez votre chemin. Dès les premières notes, les trois écossais ont entamé leur set pied au plancher et n'ont jamais ralenti la cadence. Les deux guitaristes vomissent leurs riffs graveleux sur leurs instruments désaccordés. Après le concert, l'un de deux gratteux, le sourire aux lèvres, m'a dévoilé la formule magique qui fait sonner leur 6 cordes comme des Boeing en feu : "Les deux guitares sont accordées en Si. Chaque corde est en Si. Ça nous évite de devoir nous creuser la tête pour trouver des accords qui sonnent juste." Voilà donc le secret de ce son en putréfaction qui accompagne leurs compositions survoltées. Résultats : de bons pogos et quelques litres de sueur !

Site officiel : http://www.partchimp.com

Et du moins bon aussi...

Je n'ai jamais connu de festival pouvant se vanter d'offrir l'affiche parfaite. Le Rhâââ Lovely ne fait pas exception à la règle. Parmi les déceptions de cette 8e édition, épinglons rapidement :

Bracken
L'album We Know About The Need demeure une des bonnes surprises de ce début d'année. Malheureusement, comme on pouvait le craindre, le phénomène Bracken s'éteint rapidement sur scène. Samples mal ajustés, son approximatif, batterie trop présente et un chant pas toujours très juste auront eu raison de ma patience. La poisse était également de la partie puisqu'un des micros s'est subitement mis à déconner en plein concert.

Yndi Halda
Présentés comme une des valeurs sûres de cette année, les britanniques de Yndi Halda m'ont laissé de marbre. Leur post-rock larmoyant donne dans le déjà mille fois entendu. Leur attitude de scouts heureux sur scène est insupportable. Je réessaierai quand ils auront du poil au menton.

Crippled Black Phoenix
Comme pour Bracken, Crippled Black Phoenix souffre du trop grand décalage entre l'ambiance de l'album et celle de la scène. Trop lisse, trop sage, trop convenu. Par ailleurs, être programmé entre Part Chimp et Pelican ne jouait pas vraiment en leur faveur.

Pelican
Ce quatuor instrumental a fait illusion pendant un bon quart d'heure : les riffs lourds, puissants et dévastateurs annonçaient le concert le plus violent de la soirée. Malheureusement, l'effet est vide retombé lorsque, après trois morceaux, Pelican s'est borné à resservir la même soupe tout au long du set. Les titres se suivent et se ressemblent tellement qu'on jurerait entendre les mêmes. Pas assez varié et trop linéaire.

Les photos du festival Rhâââ Lovely seront bientôt en ligne ici.

mardi 3 avril 2007

Giardini Di Mirò – Dividing Opinions

Déprime à la sauce bolognaise

Voici le nouvel album des italiens de Giardini Di Mirò. Autrefois fortement marquée par l’influence de Mogwai, la musique de ces Bolognais intègre désormais de nombreux éléments pop et électroniques qui l’éloignent petit à petit de ses racines post-rock. Avec plus ou moins de succès, il faut bien l’admettre. En caricaturant, on peut dire que les Giardini Di Mirò ne sont jamais aussi bons que quand ils se concentrent pleinement sur leur musique. Lisez : quand ils s’abstiennent de chanter. Mais il faudrait être sacrément réfractaire pour ne pas s’emballer à l’écoute d’un instrumental comme July’s Stripes qui, sur ses 4 minutes, tisse une tension dramatique qui va crescendo tandis que les cordes donnent la réplique aux rythmes electro. Si ce titre-là constitue à coup sûr le meilleur moment de cet album, on y retrouve également quelques petites perles qui évoquent (imitent ?) tour à tour Blonde Redhead (Embers) ou Sonic Youth (Petit Treason).
Mais le problème, c’est qu’à côté de leurs prouesses aériennes, les Giardini Di Mirò sont aussi capables du pire. C’est sans conteste le cas de Clairvoyance, exemple parfait de la faute de goût : on veut épater les nanas avec une ballade à l’eau de rose et on se prend une corde de guitare en pleine figure, ce qui nous vaudra d’être la risée des camarades de classe pendant de longues années. Il n’y a pas d’autre qualificatif pour cette indigeste mélopée à deux voix faussement déprimante mais surtout exaspérante.
On retiendra donc de cet album qu’il tire brillamment son épingle du jeu quand il s’agit de délivrer des instrumentaux puissants (bien mieux ficelés que ceux des anglais de 65daysofstatic). Par contre, sur le terrain de la chanson electro-pop sombre et oppressante, Giardini Di Miro se montre beaucoup moins à l’aise et souffre de la comparaison inévitable avec Bracken, qui vient de signer avec l’impeccable We Know About The Need l’un des albums incontournables de cette année. On soulignera aussi que d’autres Italiens pourraient leur souffler la vedette : Julies’s Haircut que je n’ai pas encore eu l’occasion d’écouter mais dont on m’a dit le plus grand bien ! A suivre donc…

Liens intéressants :

Site officiel de Giardini Di Mirò :
http://www.giardinidimiro.com/
Sur MySpace :
www.myspace.com/giardinidimiro

Envie d’acheter un album de Giardini Di Mirò ? C’est ici :
http://www.homesleepmusic.com/