mercredi 29 octobre 2008

Deerhoof - Offend Maggie


Entre le coup de génie et le foutage de gueule, la nuance est parfois difficile à cerner. Il est vrai que la frontière entre le talent fou et le grand n’importe quoi est très perméable et alimente sans cesse le débat : les tableaux d’Andy Warhol, les films de David Lynch, les livres de Brett Easton Ellis, etc.

Le nouvel album de Deerhoof s’inscrit parfaitement dans ce débat puisqu’il franchit et refranchit à foison la barrière qui sépare la créativité débordante de la débilité profonde. Ça me fait vachement mal au cul de l’admettre, compte tenu de l’admiration sans limite que je vouais jusque là au groupe de San Francisco, mais il faut parfois faire preuve de fermeté et brandir le carton jaune au bon moment.

Pour le dire franchement, l’écoute de ce nouvel album est une déception infinie, parce qu’on s’y emmerde ferme. Où est passé le grain de folie de l’album Milk Man ? Le batteur a-t-il été frappé de paralysie ? La chanteuse est-elle restée calée sur un épisode des Teletubbies ?

On a droit ici à une soupe ludo-pop insipide, voire carrément indigeste. Il faudra une sacrée dose de persévérance pour avaler une ineptie comme Basket Ball Get Your Groove Back (mais quelle horreur!) ou les idioties de Offend Maggie. Tout n’est pas à jeter et on pourra retenir pour la forme le japonisant Buck and Judy ou le très réussi My Purple Past.

Pour le reste, rien à signaler Monsieur l’agent. Un virage pop à la corde à oublier au plus vite. Il fut une époque où je me plaisais à comparer Deerhoof à du Blonde Redhead roulant sans ceinture sur l’autoroute. Dommage, ils viennent de repasser à la voiture sans permis : c’est sage, c’est lent, ça ne fait pas de bruit et ça fait chier tout le monde.

Bouh !

A déplorer: Chandelier Searchlight


A déguster: The Perfect Me (sur l'album Friend Opportunity - ça a quand même plus de gueule, non?)



Les liens:

Site officiel : http://deerhoof.killrockstars.com/
Sur MySpace : http://www.myspace.com/deerhoof

mardi 28 octobre 2008

Jamais .2 sans .3


Après deux EP renversants (les bien nommés .1 et .2), les membres de Bossk ont décidé de mettre un terme à leur aventure post-hardcore. Resteront deux disques époustouflants et les souvenirs de concerts livrés le couteau entre les dents.

En guise de bilan, le groupe rassemble dans le coffret Trilogy les deux EP ainsi qu’un DVD reprenant l’intégralité d’un concert en ouverture de Cult Of Luna, deux documentaires sur les tournées 2007 et 2008 et, cerise sur le gâteau, un morceau inédit.

Le tout est emballé, pesé, pour moins de 25 euros. C’est quoi encore, l’adresse de St Nicolas ?




Les liens :

Sur le site de Eyes Of Sound :
http://www.eyesofsound.com/label/artist_profile.php?band_id=BSK

Sur MySpace : http://www.myspace.com/bossk

Mon vieux post sur .2 :
http://newkicksontheblog.blogspot.com/2008/02/bossk-2.html

jeudi 16 octobre 2008

The Black Angels - Directions to see a Ghost


On peut s’interroger sur cette force mystérieuse qui pousse les groupes de rock à se faire appeler les [xxx] noirs. The Black Keys, The Black Lips, The Black Crowes, Black Label Society, j’en passe et des plus ténébreux. Faut-il y voir une allusion à ceux par qui tout est arrivé, j’ai nommé Les Chaussettes Noires d’Eddy Mitchell qui connurent leur petit succès entre 60 et 62 ? Pas sûr.

Ce qui est certain, par contre, c’est que les Black Angels cultivent au moins un point commun avec d’autres sombres héros, Black Rebel Motorcycle Club pour ne pas les citer, en l’occurrence cette faculté à piller avec un certain talent et sans gêne aucune tout le répertoire des Jesus And Mary Chain et, par ricochet, de Joy Division. Remises au goût du jour, les guitares bourdonnantes des anges noirs tapissent des mélodies lentes et embrumées qui revendiquent fièrement l’héritage psyché du Velvet Underground, façon Venus In Furs ou European Song. Saupoudrons d’un zeste d’écho les voix fantomatiques et voici cet album qui se pare d’une troublante robe spectrale. Clou de ce spectacle qui n’a rien d’angélique, le disque se referme sur un entêtant Snake In The Grass qui s’étend sur pas moins de 16 minutes.

On pourra toujours disserter sur l’effet hautement répulsif d’un nom aussi barbant que les Black Angels. D’ailleurs, je n’ai pas vérifié, existe-t-il un groupe qui s’appelle The Blacks ? A ma connaissance, je ne me souviens que de Black, qui chantait à l’époque « It’s a wonderful, wonderful life… »

Néanmoins, malgré ce défaut d’imagination identitaire et une vague impression de déjà entendu, Directions To See A Ghost reste un des disques que j’écoute le plus pour le moment. Il y a des signes qui ne trompent pas.

Les liens :
Le site officiel : www.theblackangels.com/

mardi 7 octobre 2008

Nick Hornby - 31 Songs

Quiconque s’est déjà penché dans les romans de Nick Hornby sait à quel point l’auteur anglais raffole, primo, des récits autobiographiques et, secundo, des listes. Liste de ses cinq ruptures les plus douloureuses, liste de ses films préférés, liste des disques à emmener sur Mars, etc.

Donc quand il entreprend de disserter sur ses 31 chansons favorites, on sait qu’on aura droit à 31 belles tranches de vie.

Ces 31 chapitres nous plongent dans les univers de Springsteen, Led Zep, Suicide, Badly Drawn Boy, Ani Di Franco ou… Nelly Furtado (il a droit aussi à ses fautes de goût). On reconnaît ça et là des événements qui ont inspiré l’écriture de Haute Fidélité, qu'il commente abondamment.

La musique pop sert de prétexte à aborder les sujets les plus légers :

- A-t-on le droit de quitter la salle pour aller boire un verre quand Jimmy Page s’attarde sur un solo ? (ma réponse : oui)

- Doit-on forcément avoir honte de la chanson sur laquelle on a perdu sa virginité ? (mon avis : oui)

Et puis, il y a les sujets un peu moins légers. En effet, au fil des chapitres, Hornby sort de sa coquille et aborde les rapports charnels que son fils autiste entretient avec la musique – qu’il appelle « gogo ». Il paraît que les autistes développent leur propre vocabulaire, ce que j’ignorais.

Ce sont de loin les passages les plus émouvants puisqu’ils évoquent les relations en apparence à sens unique (mais en apparence seulement) entre un papa et un gamin qui refuse de s’ouvrir au monde et comment celles-ci peuvent se détendre grâce à quelques cassettes bien choisies.

En guise de conclusion, Hornby joue un jeu cruel : il compare à 30 ans d’intervalle les 10 albums qui occupent la tête des charts américains. Ça fait mal, très mal.

Je me suis bien amusé en lisant ce livre, qu’il faut prendre pour ce qu’il est, rien de plus : une sorte de journal intime (bien) écrit par un passionné qui souhaite partager ses émois musicaux (principalement pop). Ce qui est appréciable également, c’est que Hornby s’y livre (hé hé) sans tabou et ne recule pas devant l’autocritique quand il s’agit d’évoquer la stratégie marketing de son éditeur ou les droits d’auteur qu’il a perçus pour l’adaptation au cinéma d’About A Boy.

Les liens :

Le site officiel
Le blog de Nick Hornby


lundi 6 octobre 2008

Une dose de Morphine en pleine crise

Pour l'instant, j'ai la tête qui se vide comme une baignoire sans bouchon. J'ai l'esprit qui part dans tous les sens, ce qui m'empêche de concentrer mon attention sur un point bien précis. A la base ça devrait être très chiant, mais je prends la balle au bond et j'en profite pour ressortir de bonnes vieilles vidéos de derrière les fagots. En attendant que la crise passe.

Il y a quand même des gens qui ont (avaient) un putain de talent. Et quel son.

A regarder : Morphine : Radar / The Only One


jeudi 2 octobre 2008

A Very Dead Horse - For My Mother




Elle : Mais non, je ne “pratique” par l’équitation. Je suis Cavalière Emérite. Et toi, tu aimes le cheval ?

Lui : Mouais. Saignant et servi avec des frites, ça passe.

Il y a une dizaine de jours, c’était le concert de 31knots au Bota. Petite déception, ce n’était que « plutôt bien » là où, sur scène, ils m’avaient habitué à « de l’extraordinaire ». Les croquants qui les voyaient pour la première fois ont certainement trouvé ça exceptionnel. Mais pour un vieux briscard comme moi, qui les connait comme Lance Armstrong connait les 21 lacets de l’Alpe d’Huez, c’était un peu court. Ça manquait de piquant. Comme un menu trois services sans la Poire Williams. Comme un Grand Prix de F1 sans accident. Comme un enterrement sans fou rire.

Peu imaginatifs, peu impliqués, pas toujours bien réglés au niveau du son et seulement deux morceaux tirés du dernier album pour un set emballé et pesé en une heure chrono, c’est un peu pauvre, Madame, désolé. Peut-être ces messieurs tournent-ils un peu trop souvent.

Néanmoins, néanmoins, c’est le genre de concert duquel on ne rentre jamais déçu, sachant qu’autour de 31knots gravite une multitude de projets parallèles dont Tu Fawning n’est pas des moindres. Un coup d’œil rapide à la table merchandising aura rapidement confirmé cette intuition : il y a du choix parmi les CD-R cette année. On sort les quelques billets qui trainent au fond de la poche et c’est parti.

Passons rapidement sur Lips & Ribs, projet solo du bassiste Jay Winebrenner qui ressuscite l’électro de nos vieux Game Boy, sur Dilute, l’un des groupes du batteur Jay Pelluci, et sur Natural Dreamers, collaboration entre Jay Pelluci et deux membres de Deerhoof.

Attardons-nous plutôt sur A Very Dead Horse, projet solo du guitariste-chanteur Joe Haege, au sujet duquel très peu d’infos avaient filtré jusqu’alors. Sur ce premier CD-R, For My Mother, on a droit à 8 titres qui, ainsi adossés, auraient composé une superbe BO de film muet expressionniste. Toutes les plages à l’exception de la dernière sont des instrumentaux réduits à leur plus simple expression : c’est le piano qui est ici omniprésent. Un piano souvent angoissant, un brin agressif, dont les notes tombent comme la grêle d’une giboulée de mars. On a également droit à un morceau à la guitare acoustique dont les traits rappellent le lien de parenté avec 31knots. Sur la dernière chanson, Joe se fait happer par ses vieux démons et nous refait le coup des voix tordues et des samples crachoteux.

L’ensemble a petit côté burtonesque, ce qui me laisse croire que A Very Dead Horse pourrait voler de ses propres ailes sans devoir se coltiner l’étiquette du side project du chanteur du groupe de l’homme qui a vu l’ours. Encore faudrait-il qu’un cheval puisse voler, qui plus est un cheval mort.

Les liens:

http://www.myspace.com/averydeadhorse (pas encore tout à fait opérationnel)
http://www.31knots.com
http://www.myspace.com/31knots
http://www.myspace.com/lipsandribs
http://www.myspace.com/dilutetheband
http://www.myspace.com/naturaldreamers