samedi 20 novembre 2010

Petite détente post-Halloween avec Candlemass

Le principe, c'est de tenir jusqu'à 5'50. Ensuite, c'est l'extase...

Scorn - Refuse: Start Fires

Si mes calculs sont bons, Refuse: Start Fires serait déjà le 14e album de Scorn, pour à peu près autant d’EP. Production à la chaîne pour ce projet fondé en 1991 par deux membres déçus du tournant pris à l’époque par Napalm Death. Oscillant entre duo et trio sur ses premiers albums, Scorn est vite devenu le projet d’un seul homme, Mick Harris. Réputé comme l’un des batteurs les plus brutaux du monde, Mick Harris est également reconnu comme le “père du blast beat”, ce style de batterie hyperkinétique qui fait des ravages dans le milieu du heavy metal.

D’abord d’obédience metal indus, Scorn a rapidement viré à l’electro dark, au dub lugubre et profond, mélangeant machines et ambiances métalliques. Confirmation avec la livraison 2010 d’une musique radicalement abstraite et imperméable à toute forme de sensibilité. Refuse: Start Fires consacre une dubstep qui n’a rien à faire sur un dancefloor et qui, au mieux, pourrait éventuellement revendiquer une place sur la bande son d’un obscur jeu vidéo de science fiction. A retenir, le titre Take Someones Eyes Out, sorte de transcription sonore d’une asphyxie dans un sous-marin russe.

Prenons également le temps de nous attarder sur la splendide pochette de cet album, oeuvre de l’artiste néerlandais Karol Lasia, alias Khomatech. Mêlant photographie, infographie et peinture, son travail lui a déjà permis de réaliser nombre de pochettes pour des groupes drum’n’bass, une affiche pour Radiohead et également une série de photos pour Playboy. A découvrir de toute urgence ! Et ce mec n’a que 24 ans…

A écouter : Take Someones Eyes Out

mercredi 3 novembre 2010

Bowinage / épisode 2 sur 5 : Rock'n'Roll Suicide (1972)

Bowinage : une reconstitution historique inédite d'un pan totalement oublié de la biographie de David Bowie. Un travail documentaire rigoureux pour rétablir la vérité sur l'influence des terrils du Borinage sur l'oeuvre du Thin White Duke.

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Résumé de l'épisode précédent : Bowie, en plein questionnement, erre dans le Borinage en quête de l'inspiration et y rencontre une jeune adolescente rousse qui deviendra plus tard ma maman. 

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1971 : Peu à l’aise dans son rôle d’amant éconduit, Bowie se console en se jetant dans les bras d’Angela Barnett, une actrice de seconde zone, dont la ressemblance avec ma mère est frappante. De cette union avec Angie, naîtra un an plus tard Duncan Jones qui deviendra par la suite le réalisateur que l’on sait.

Néanmoins, Bowie peine à se remettre de ce revers sentimental et reste obnubilé par le portrait de cette adolescente qui était parvenue à l’émouvoir par sa fraîcheur. Dépression, alcool, drogue. Bowie craque et part sans laisser de trace. En réalité, il prend le ferry sur un coup de tête, traverse la Manche et sillonne trois jours et trois nuits durant les rues du Borinage à bord de son bolide… à la recherche de celle qui lui a brisé le cœur. Un soir, au coin d’une rue, il croit apercevoir la belle, perd le contrôle de sa voiture et frôle l’accident sur ce qui n’était qu’une énième hallucination.

Désespéré, aux abois, un genou à terre, Bowie rentre à Londres et couche sa douleur sur Rock’n’Roll Suicide, qui reste à ce jour la meilleure chanson rock que quiconque ait jamais écrite sur ma maman : Chev brakes are snarling / As you stumble accross the road / But the day breaks instead / So you hurry home. C’est à cette époque que l’auteur meurtri, au bord du gouffre, trouve alors un subterfuge pour échapper au mal qui le ronge. Il se réfugie derrière les traits de Ziggy Stardust et sa chevelure couleur de feu. Comme par hasard.

A regarder : Rock'n'Roll Suicide (live) 

mardi 2 novembre 2010

Boris & Ian Astbury - BXI


Depuis bientôt 15 ans, le groupe punk-noizy japonais Boris propose une discographie boulimique, avec déjà une quinzaine d’albums au compteur. Au-delà de ses produits maison, le trio multiplie les collaborations, notamment avec Merzbow et Sunn O))).  Cette année, ils ont croisé leurs guitares fumantes avec la voix 24 carats de Ian Astbury, chanteur de The Cult et accessoirement nouveau Jim Morrison proclamé au sein de The Doors of the 21st Century, la tentative de reformation des Doors autour de Ray Manzarek. Dans les bacs, ça donne un EP de 4 titres sur une bonne vingtaine de minutes.

Boris et Astbury, c’est un peu l’association du feu et du feu. D’un côté, des Nippons qui manient leurs instruments comme des lance-flammes et crament tout ce qui se bouge dans un rayon de cent lieues. De l’autre, des cordes vocales made in UK qui crépitent comme un feu ouvert un dimanche de janvier. La symbiose fonctionne à merveille sur la plage d’ouverture, un Teeth and Claws riche en couleurs et contrastes qui fait immédiatement songer aux Screaming Trees, autre groupe qui alliait à merveille guitares tranchantes et refrains pop désespérés.

Sur We Are Witches, Boris rajoute une couche de guitares et fait monter la température de quelques centaines de degrés. Et c’est le volcan Astbury qui se réveille, dans toute sa splendeur. Moins retenu, plus brut de décoffrage, ce titre ouvre également un appel d’air dans lequel s’engouffrent des solos de guitare en fusion. Attention, ça brûle.

Sur Rain, c’est la voix féminine de Boris (dont j’ai oublié le nom – Borissette ?) qui reprend le relai et mène à la baguette ce qui reste la chanson la plus anecdotique de ce disque. La fureur s’estompe, la symbiose se dillue (mais où est Astbury? Parti pisser?) et Boris semble ainsi réussir l’exploit de placer une chanson de trop sur un 4 titres. Un comble…

Heureusement, tout le monde reprend ses esprits et signe un final grandiose avec Magickal Child, hymne de fin d’un monde en pleine décadence, qui s’épanche plus qu’il ne rugit.

Ni collector pour les fans de la première heure, ni vraiment disque grand public, ce petit EP tient tout à fait sa place parmi les sorties les plus intéressantes du moment. Il fera également merveille en guise d’amuse-bouche en attendant le prochain album de Boris, qui ne devrait plus tarder puisqu’en moyenne, c’est un disque par an au pays du soleil levant.

A écouter : Teeth and Claws 




Le lien : 
Sur MySpace


lundi 1 novembre 2010

Sinner's Day "Festival"

Vendredi, Al me passe un coup de fil: "ça te dit d'aller voir les Psychedelic Furs, j'ai deux places?"
Le temps de s'arranger sur les détails du trajet, le même Al me précise: " De toutes façons, ils jouent pas avant 21h, c'est un festival, y'a d'autres groupes qui jouent, je t'enverrai le lien".

Le lien, le voilà. Avec un line-up pareil, je ne m'attendais pas à passer une soirée ordinaire. J'ai pas été déçu.




Acte 1: Here come cow-boys
 
Après les quelques détours imposés par un GPS un peu jouette, nous arrivons à l'Ethias Arena.
D'emblée l'endroit dégage une drôle d'atmosphère. Le bâtiment est une espèce de Tours et Taxis moderne, dans lequel on a disposé tous les éléments-clés d'un festival rock: stand merchandising, stand tickets, bars, volontaires de la Croix-Rouge...On dirait le festival de Dour mis sous cloche. En plus propre. En mieux  organisé. En moins rock'n'roll.

Du côté du public c'est moitié Halloween, avec les goths en impers type cape de vampire, futal en cuir et bottes kitsch; moitié Has-Been Park, avec les fans véritables de Marc Almond et Nina Hagen qui ont ressorti leurs vieilles fringues de concert pour l'occasion.

Sans perdre une seconde, Al et moi nous dirigeons vers le Club stage pour notre premier concert: The Fall

Acte 2: Like a Stranger

A voir le chanteur bourré comme Michel Daerden un soir de victoire du Standard, nous quittons The Fall avant la chute annoncée dans le titre, et nous rendons au Main Stage où nous sirotons une pinte devant un Marc Almond dont le lifting cache mal les mauvaises dents.

Soyons honnêtes: jusqu'ici, le côté kitsch un peu rigolo nous fait bien marrer, mais avec les Furs qui ne jouent que dans deux heures, si ça continue comme ça, on va finir par se faire chier.

Dans toutes les bonnes histoires, le héros tombe sur un allié inattendu. Nous croisons donc deux potes à Al, qui ont eu l'idée saugrenue d'arriver dès l'après-midi et s'empressent de nous délivrer quelques précieuses mises en garde.

Par exemple, il vaut mieux ne fumer qu'à l'endroit prévu à cet effet. Tu as envie de sourire? Tu as tort: sache qu'au Sinner's Day Festival, des flics en civil se baladent sur le site et flanquent une amende de 150 (cent-cinquante!) biftons au malheureux chopé en train de fumer en-dehors des clous. Petite consolation: la contredanse porte le logo du festival...

Les artistes ne sont pas épargnés: pour eux, pas d'alcool sur scène, rien que de la bonne eau minérale. J'en déduis que si le mec des Fall était à ce point plein mort, c'est qu'il a dû s'en déchirer la tête deux fois plus en prévision d'un set à l'eau plate...

Et ce n'est pas tout, Al et moi avions remarqué que des panneaux marqués "Club In" et "Club Out" marquaient les accès à la Club Stage. Nos deux comparses nous racontent avoir vu des types qui essayaient de sortir par une porte "Club In" se faire remballer et prier de sortir par la porte adéquate.Visiblement au Sinner's Day, la transgression c'est plutôt mal vu...


Acte 3: Alice's House

Le demi-tour n'étant pas une option, entrer et sortir d'un concert de ska, nous a pris 5 bonnes minutes...ce qui nous a permis d'arriver juste à temps pour voir Marc Almond reprendre Walk on the wild side à sa façon avant de conclure sur l'inévitable Tainted Love [Helmut Lotti Mix].

N'ayant rien d'autre  à faire, nous trouvons une place assise pour siroter une pinte en attendant Nina Hagen.

Heureusement que j'avais fini mon verre quand le concert a commencé, je crois que j'aurais tout recraché sur le mec devant moi quand la Hagen est montée sur scène. Pareil pour mes comparses: on est restés tous les quatre la machoire béante pendant au moins 15 secondes.

J'étais prêt pour le maquillage, j'étais prêt pour la coiffure, j'étais prêt pour une performance kitsch un peu vulgos. Par contre, voir une quincagénaire sortie de Buffy contre les Vampires loucher et faire des grimaces en massacrant Personal Jesus, visiblement, j'étais pas prêt.

On est restés là un moment, à la regarder brailler et tirer la langue, en se demandant si c'était comique, ou simplement pitoyable. Vint le deuxième morceau.  Au moment où Nina et ses yeux qui louchent ont entamé Riders On The Storm, le voisin de mon voisin s'est levé sans un mot et a quitté la salle.

Pour récupérer d'un choc pareil, on avait bien besoin d'une clope (dans la zone autorisée).

Acte 4: Imitation of Jesus

Le moment tant attendu. On a fumé dehors, on a été pisser avant, on est rentrés par la bonne porte. Tout est prêt.

Evidemment, les Psychedelic Furs d'aujourd'hui ne sont plus les beaux gosses en blouson noir de Midnight to Midnight. Le bassiste est devenu franchement laid, mais le chanteur a conservé un air de Bowie, auquel les années ont ajouté quelque chose de Pon-Pon.

Pretty in Pink arrive dès le deuxième morceau, ce qui est trop tôt à mon goût, la voix de Butler n'étant pas encore chaude. Petite déception. La performance musicale est tout à fait correcte. La playlist aussi, même si je regrette ne pas avoir eu droit à My Time.

Par contre, Butler aurait dû s'abstenir de prendre un ecsta par-dessus son café sucré à la coke. Outre le fait qu'il ne tenait pas en place, il nous a sorti la panoplie complète des pitreries du vieux pilier de bar-karaoké bourré: il a mimé les paroles des chansons, il a fait l'ange qui bat des ailes à côté du rythme et surtout, il s'est pris pour une toupie pendant la moitié du concert, tournant sur lui-même au ralenti, l'index pointé vers le ciel.

Dommage, car au final, le jeu de scène m'a empêché de bien rentrer dans le concert.

Acte 5: No Easy Street

Face à Echo & The Bunnymen qui commençait sur les chapeaux de roues, mais est vite devenu chiant, nous décidons de prendre la route.

Soulagement: la porte de sortie de l'Ethias Arena se trouve à côté de la porte d'entrée, ce qui nous évite de nous perdre dans le parking, ou de risquer 100 euros d'amende en sortant par la porte d'entrée. Nous sortons donc, en même temps qu'un quidam qui avait décidé de manger sa brochette dehors. Enfin pas tout à fait. Au Sinner's Day, pas de clopes à l'intérieur... et pas de brochettes à l'extérieur: le type s'est  fait remballer, prié de bouffer son saté bien au chaud. Ici, on n'aime pas trop les mecs qui bouffent dehors.

Eberlués, Al et moi nous rendons à la voiture et nous apprêtons à quitter cette maison de dingues. Affamés, nous engloutissons la réserve de vivres qui trainait sur le siège arrière, non sans jeter des regards anxieux aux alentours, de peur de se choper 1000 euros d'amende (mais avec le logo du festival) pour mangeage hors du site. Tout se passe bien, on se décide à mettre les voiles.

Evidemment, c'est devant la barrière du parking qu'on se rend compte qu'il fallait payer. S'ensuit le dialogue suivant:

- Al: "Où est-ce qu'on paie pour sortir?"
- Gardien de parking: "A l'entrée".

Ainsi s'achève l'histoire de notre soirée au Sinner's Day Festival. C'était absurde, voire sous-réaliste, mais putain, on a vu les Furs!

A regarder pour la postérité : Nina Hagen reprenant Personal Jesus