dimanche 28 décembre 2008

Guapo - Elixirs


Phénomène insaisissable, les Britanniques de Guapo ont médusé le Vooruit de Gand début décembre, en assurant la première partie du concert d’Isis – et en leur volant la vedette par la même occasion (mais ça, ce n’est que mon avis personnel). Le quatuor (une batterie, une basse, une guitare et un clavier) s’appuie sur des compositions instrumentales lentes et colorées pour imposer des ambiances qui évoquent au choix les vieilles séries de science-fiction ou les films de Tim Burton. Sur scène, les collants à paillettes ajoutent un petit côté glam à la mise en scène, chose assez inhabituelle chez les groupes traditionnellement signés sur Ipecac ou Neurot.

En quelques secondes, chaque morceau se mue en une marche mortuaire fluorescente qui, quelques bières au fût aidant, titille l’imagination de l’auditeur et dessine des scènes où de méchants monstres avancent en cadence d’un pas mécanique.

Tadaaaam [la bête sort du bois] ; Tadaaaaaam [elle se rapproche lentement] ; Tadaaaaam [elle ouvre la gueule et découvre deux paires de crocs aiguisés].

Elixirs, le dernier album en date de Guapo n’échappe pas à cette règle… du moins sur la première moitié du disque. Mêmes rythmes processionnaires, même tension, mêmes sonorités venues d’une autre galaxie.

A mi-parcours toutefois, Guapo emprunte des voies inexplorées, s’ouvre d’autres portes et enrichit ses orchestrations d’arrangements inattendus. Ainsi, les deux titres du diptyque Twisted Stems : The Heliotrope et Twisted Stems : The Selenotrope commencent comme ces atmosphères minimalistes à la Swod et évoluent vers une transe psyché à laquelle s’invitent des chœurs monastiques et une voix féminine jazzy. A l’opposé, sur The Planks, Guapo rameute toute la cavalerie et s’offre 3’11 d’un rock shamanique où domine une guitare qui dégueule de l’ayahuasca par gallons.

La musique de Guapo serait-elle devenue tribale, voire dansante ? Fausse alerte : le rideau se referme sur King Lindorm, soit plus de 15 minutes de piano dissonant, de coups de gong et d’errements jazz-prog d’une précision helvétique. Voilà qui remet les pendules à l'heure avant de sortir de l’écoute de cet album qui affiche quand même plus de 58 minutes au compteur pour seulement… 6 morceaux.

Il faut forcément être un peu barje pour imaginer de telles dérives musicales. Pourtant, la musique de Guapo dégage une étrange impression d’accessibilité, impression renforcée par une production soignée qui évite de gonfler le son inutilement. Au moins, le côté ovni ne laissera personne indifférent.


A regarder : un court extrait de King Lindorm en live







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lundi 22 décembre 2008

Worldwild: le deuxième album de Pterodactyl prévu pour le printemps



Pterodactyl annonce la sortie prochaine de son deuxième album, sur le label Brah Records. Le groupe de Brooklyn lève une toute partie du voile sur Worldwild et propose un premier extrait en téléchargement gratuit, le très mystérieux December.






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jeudi 18 décembre 2008

Crisis Hits 2008













C’est la cérémonie traditionnelle au moment où on monte le sapin. Cette année, plutôt que de donner dans le sempiternel top 10 des albums, j’ai préféré compiler les titres qui me semblaient les plus emblématiques pour figurer sur la BO d’un monde qui part en looping.

Ecoute, apprécie et n’oublie pas d’acheter tout ce qui te plaît. Puis fais-en ta compile. Tu peux imprimer la jacket en cliquant sur l'image ci-dessous, et l'arrière en cliquant sur l'image tout en bas de ce post.

1. Portishead - Silence (extrait de l’album Third)

Rarement un titre se sera dégagé avec une telle aisance du peloton annuel, rarement il aura maintenu avec une telle puissance une avance confortable et indiscutable. Third n’est pas que l’album de l’année. C’est aussi le disque qui indique avec autorité que le XXIe siècle vient de commencer. Le titre Silence est au rock ce que le 11 septembre aura été à la géopolitique : une claque monumentale.

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2. Alain Bashung - Résidents de la République (extrait de l’album Bleu Pétrole)

Pour des raisons ultra-personnelles, la phrase « Chérie des atomes fais ce que tu veux » hérisse chaque poil de mon corps, ce qui n’est pas peu dire. L’effet est immédiat à chaque écoute : une torture lente et hautement addictive.

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3. Dead Meadow - Between Me And The Ground (extrait de l’album Old Growth)

Sombre et poussiéreuse, la musique de Dead Meadow nous ramène à l’essentiel du rock : un ampli qui sature, une voix qui traîne les pattes et même un solo de guitare pour terminer. Dieu que ça fait du bien.

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4. Dub Trio - Not For Nothing (extrait de l’album Another Sound Is Dying)

Le coup de boule de l’année. Une puissance phénoménale alliée aux ambiances enfumées du dub. Le mariage du loup et de l’agneau, mais un agneau avec des dreadlocks.

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5. Diebold - USaid (extrait de l’album Listen To My Heartbeast)

Un duo basse-batterie en ébullition, formé par deux membres d’A Silver Mt Zion qui crachent leur rage à coups de décibels bestiaux. USaid est le seul morceau « chanté » de l’album.

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6. Red Snapper - Wanga Doll (extrait de l’album Pale Blue Dot)

Le retour en fanfare inespéré des anciens maîtres du trip hop jazz ou Dieu sait comment il fallait les qualifier. Un comeback qui se traduit une nouvelle fois par un virage inattendu : cette fois, on explore les voies du rock psyché british avec un Wanga Doll totalement hallucinant.

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7. Grails - Doomsdayer’s Holiday (extrait de l’album Doomsdayer’s Holiday)

Même quand Grails s’attaque aux codes du doom, il conçoit sa musique comme un voyage tripant, ce qui donne un des morceaux les plus hypnotiques de l’année. Des extraterrestres, ces gars-là…

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La vidéo de promo




8. Nick Cave & The Bad Seeds – Midnight Man (extrait de l’album Dig Lazarus Dig)

Le grand Nick donne parfois l’impression de toiser le monde, haut perché derrière sa nouvelle moustache resplendissante. Pourtant, quand il se donne corps et âme dans un hymne pop rock, l’Australien sait faire preuve d’une sensibilité touchante qui va droit au but.

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9. Tindersticks – The Hungry Saw (extrait de l’album The Hungry Saw)

Malgré les airs de chansonnette un peu niaise qui émanent de ses premiers accords de guitare, The Hungry Saw te prend à la gorge dès que Stuart Staples récite son texte aiguisé, la voix pleine de trémolo. Elle est fâchée, la scie…

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10. Tu Fawning – Out Like Bats (extrait de l’EP Secession)

La rencontre de Corrina Repp et de Joe Haege de 31knots donne cette ballade d’un matin brumeux, qui semble avoir été composée pour n’être jouée que sur un vieux gramophone rouillé.

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La vidéo d'I'm Gone (le titre Out Like Bats est à écouter sur la page MySpace)




11. GuernicaI Cried The Day Marlon Brando Died (extrait de l’album Who Are Your Songs For?)

En fermant les yeux, j’avais l’impression de réentendre Quickspace en écoutant ce premier album des Bruxellois de Guernica : mêmes guitares entêtantes, même chant étouffé et monotone, même sabotage organisé des mélodies.

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Pas de vidéo dispo mais la chanson est téléchargeable ici.

12. The Melvins – Suicide In Progress (extrait de l’album Nude With Boots)

Les Melvins au sommet de leur art: le morceau commence par une interminable intro instrumentale (guitare ravageuse, claps claps, rythmique infernale) avant de virer totalement de bord et de passer à un blues joué les tripes à l’air.

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La vidéo (en live)




13. 16 Horsepower – Haw (live) (extrait de l’album Live March 2001)

Difficile de ne pas mentionner la sortie de ce live mythique, qui balaie en deux CD le répertoire époustouflant d’un des groupes majeurs des 15 dernières années. Des litres de sueur, des invocations mystiques, un riff de guitare qui me fend comme une bûche : Haw est un des meilleurs titres de 16HP, même si le choix est impossible. Ce sont les paroles qui se rapportaient le mieux à la situation : « Baby don’t look down. Keep your arms around me. »

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La vidéo (au tout début de 16HP)




14. John Greenwood - Prospectors Arrive (extrait de la bande originale de There Will Be Blood)

Pour conclure de la plus belle manière qui soit: le guitariste de Radiohead a composé une BO somptueuse pour en film coup de poing. Le visage fermé de Daniel Day Lewis apparaît subrepticement derrière chaque note.

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La bande annonce


mercredi 17 décembre 2008

The Black Heart Rebellion - Monologue

Pour son premier album, The Black Heart Rebellion a opté pour l’excellent label courtraisien Vlas Vegas (Hitch, Vandal X, etc.) Le résultat a atterri dans les bacs depuis quelques semaines.

Au premier contact visuel avec l’objet, on devine immédiatement un air de famille avec le grand frère Amen Ra : une belle robe noire, sobre et mystérieuse ; absence de la moindre mention. Le décor est planté : on n’aura pas affaire à des tendres. Pas étonnant puisque le groupe donne également dans le screamo, plaquant une voix écorchée sur des ambiances froides et ténébreuses.

Pourtant, la comparaison s’arrête à l’emballage et passera tout au plus le cap d’une première écoute distraite. En s’y intéressant de plus près, on remarque rapidement que The Black Heart Rebellion se révèle beaucoup plus subtil et préfère les montées en puissance sophistiquées de Red Sparowes aux murs du son monolithiques de Neurosis. Mieux encore, Monologue apporte au genre une épice qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors : un sens du groove qui évoque par moments… At The Drive-In. Rien que ça.

Emballé en 7 morceaux pour un peu moins de 40 minutes, Monologue sera un véritable uppercut pour tous ceux qui pensaient que le post-rock était condamné à rester chiant et que le screamo se limiterait à une histoire de gros bras.

A regarder : Erase. Redraw Our Maps (live at 4AD)



Les liens :

Sur MySpace : http://www.myspace.com/blackheartrebellion

Le label Vlas Vegas : http://www.vlasvegas.be

dimanche 14 décembre 2008

Radical Pigeon Records: ça roucoule à Courtrai

Cocorico. Un nouveau label vient de voir le jour à Courtrai: Radical Pigeon Records. La production fait la part belle à l’ambient, au drone, à l’electro minimaliste et aux improvisations sonores en tous genres.

Les trois premières sorties, limitées à 75 exemplaires chacune, mettent en avant les aventures extraconjugales de différents membres de Galatasaray. A découvrir : All Shadows And Deliverance, Isaac et Hawai.






Les liens :

Le site de Radical Pigeon Records (en construction)

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All Shadows And Deliverance

Isaac

Hawai

Galatasaray

lundi 8 décembre 2008

Monarch - Mer Morte


Et si nous essayions de ralentir la vitesse de rotation de la terre?

Et si nous arrivions carrément à la faire tourner en sens inverse?

Si nous laissions chaque note s’épancher indéfiniment, soutenue par quelques tonnes de compression?

Au fait, combien pèse l’Univers?

Et quel est le poids d’un trou noir?

Et si nos cris se déversaient comme de la lave en fusion sur vos corps décharnés?

Et si nous érigions un temple entièrement dédié à la déesse Dissonance?

Et si nous vous enchaînions dans ce temple?

Tout cela ressemblerait-il à l’Apocalypse?

Ça s’appelle Monarch et c’est la réponse bleu-blanc-rouge à Sunn o))). Ici, on ne se situe plus tout à fait dans le registre de la musique, ni tout à fait dans celui du bruit.

On est juste ailleurs.


Le lien

http://www.myspace.com/monarchuberalles

dimanche 7 décembre 2008

Jean-Philippe Querton - L'Homme à la Chimay bleue


Malgré son titre alléchant, ce que nous conte Jean-Philippe Querton n’a rien d’une belle histoire. On y suit la rapide déchéance d’un homme d’un âge certain qui, après les mises en garde de son médecin (« A ce rythme-là, il vous reste cinq mois à vivre »), décide de profiter à fond de ses derniers instants. Il s’exile dans un bled de campagne, y loue une chambre et précipite sa chute à l’aide de la plus belle des armes : la Chimay bleue.

Chaque matin, il prend place au bistrot du coin et écluse les trappistes les unes après les autres. Les premiers jours de ce périple au fond d’un verre de 33 cl fournissent à l’auteur un excellent prétexte pour évoquer sa passion pour les mousses onctueuses :

"La troisième bleue est souvent la meilleure. (…) Le palais est absorbé par le parfum du breuvage, la finesse de son bouquet régale les papilles qui ne sont pas encore anesthésiées par l’alcool.

La troisième, il faut la faire durer.

La savourer.

Chez moi, c’est le moment où se diffusent dans mon corps et mon esprit les effets stupéfiants de la boisson.

Un bien-être m’envahit, une sensation de sérénité me submerge, ma perception de la réalité se modifie.

Le monde qui m’entoure s’embellit.

Il faudrait commencer par la troisième et terminer par la troisième."

Comme on s’en doutait, la relation à la bière passe rapidement du plaisir au besoin maladif. Notre vieil ami sombre ainsi progressivement dans son propre vice et passe du stade de buveur jovial à celui de poivrot pathétique et répugnant. Adieu les belles phrases sur les réjouissances gustatives, voici venu le temps de la douleur, des spasmes, de l’odeur d’urine, des taches de vomi sur la chemise et des réveils pâteux arrosés de matière fécale.

Au bout du tunnel, le vieil homme fait toutefois une rencontre inattendue qui pourrait le remettre sur les rails. Sauf que…

Sauf que, sans flinguer la fin pour autant, on peut dire que l’auteur n’avait vraiment pas envie d’un happy end. Au moment où le pochard semble enfin avoir retrouvé goût à la vie, c’est peut-être celle-ci justement qui va l’achever : violence, perversion, crimes et vengeance se bousculent dans les dernières pages de ce récit étonnant qui laisse le lecteur KO face à tant d’atrocités.

Ce qui semblait être une réflexion sur la solitude et le suicide se mue finalement en une fable terrible, réduisant l’homme à une bête.

Fascinant et perturbant.

Les liens:

http://www.editionschloedeslys.be/

http://chloedeslysblog.canalblog.com/

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mardi 2 décembre 2008

Qui a dit "pas de lézard"?

Vous avez remarqué ? Ma montre s’est arrêtée, mon cœur a cessé de battre, les Bourses ont interrompu leur descente infernale, le soleil s’est éteint quelques secondes, le Danube s’est mis à couler en sens inverse, les chiens ont enlacé les chats, les feuilles sont retournées dans les arbres et les Range Rover ont commencé à absorber du CO2.

Pourquoi continuer à nous faire chier avec toutes ces histoires de crise alors que l’événement du siècle nous inonde d’excitation ?

Je cite, en anglais dans le texte :

All Tomorrow’s Parties are extremely excited to announce that THE JESUS LIZARD have reformed and will perform at the Fans Strike Back festival in 2009.

L’événement aura lieu à Londres, du 8 au 10 mai, et l’affiche propose également Devo, Grails, Spiritualized, The Cave Singers, etc.

Evidemment, ça coûte une tonne (160 livres, auxquelles il faut ajouter le prix du billet d’Eurostar, le logement éventuel sur place et les tarifs délirants des consommations outre-Manche). Mais la bonne nouvelle, c’est que le concert londonien des Jesus Lizard sera le premier d’une tournée qui s’achèvera en novembre 2009 à Chicago.

Autrement dit, on aura peut-être une chance d’aller suer avec David Yow sans devoir pour autant demander une avance sur l’héritage de grand-maman.

Puis, les groupes à l’affiche au All Tomorrow’s Parties se retrouvent souvent au programme du Primavera, à Barcelone. Avec le soleil, la plage, les tapas et les cruches de sangria.

Ben le voilà le rayon de soleil qui m’avait tant manqué depuis ce matin.



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