dimanche 20 mai 2007

Erik Truffaz - Arkhangelsk



Piano bar


Décrire Erik Truffaz comme un trompettiste français serait extrêmement réducteur. Depuis 1996, cet artiste signé sur le mythique label Blue Note enchaîne les albums (Arkhangelsk est son 8e album studio, auquel il faut ajouter 2 albums de remixes et un double live) accompagné de deux groupes différents : Erik Truffaz Ladyland ou Erik Truffaz Quartet. C'est ce second line up qui a été choisi pour enregistrer Arkhangelk, du nom de cette ville russe située à 900 km au nord de Moscou, au bord de la Mer Blanche. Le superbe livret illustré par le photographe Mario Del Curto explique le choix de ce titre :


"Un matin, après avoir passé la nuit dans un club du 3e étage d'un immeuble de la banlieue, nous sommes sortis reprendre l'air et, stupéfaits, hallucinés, nous avons découvert un décor de bande dessinée avec des maisons de travers à perte de vue! Tout un paysage comme secoué par la nuit qu'il venait de traverser. La première réaction fut de se demander si nous n'étions pas nous-mêmes un peu secoués après quelques vodkas. Mais nous nous rendîmes à l'évidence de cette vision étrange."

L'analogie avec ce 8e album studio est à trouver du côté des collages sonores insolites et de la recherche de nouvelles textures qui constituent le coeur de la musique d'Erik Truffaz. Après avoir touché à la drum'n'bass et au hip hop (The Dawn), au funk et à l'acid jazz (Mantis, Bending New Corners), au rock et à la soul (The Walk Of The Giant Turtle) et enfin à la world music (Saloua), le quartet s'attaque désormais à la chanson, celle qui s'écrit avec un grand C.

Très jazzy dans son ouverture, l'album dérive lentement vers des ambiances de piano bar, où le Bordeaux se déguste dans un air enfumé. La palette de couleurs demeure châtoyante, mais les compositions d'Arkhangelsk puisent leurs racines du côté de la pop des années 60 et 70. Comme c'en est devenu une habitude, la trompette feutrée d'Erik Truffaz se fond dans un paysage sonore fait de couches qui se superposent au gré des morceaux. La voix chargée d'Ed Harcourt, élément central de ce disque, apporte une dimension terrestre qui faisait défaut aux albums précédents. Autre icone de la chanson, française cette fois, c'est Christophe qui s'invite sur L'un dans l'autre, atteignant des sommets d'intensité. La conjugaison des textures jazz et des structures pop évoque tour à tour le travail d'autres Français : Bertrand Burgalat pour la production, mais aussi le duo Katerine-The Herbaliser, sur l'album Take London, qui avait débouché sur Serge, hommage splendide à Gainsbourg. Gainsbourg dont l'ombre hante également Arkhangelsk, qui se termine sur une reprise torturée de Manon par un Ed Harcourt au bord du coma.













Liens intéressants :



Site officiel : www.eriktruffaz.com
Sur MySpace : http://www.myspace.com/truffaz
Un extrait du carnet de bord d'Erik Truffaz, relatant un boeuf improvisé à l'Archiduc, à Bruxelles, et le concert en demi-teinte du Cirque Royal : http://www.eriktruffaz.com/francais/journal/popup.php?afficher_journal=55

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