vendredi 28 novembre 2008

Catherine Feeny - Empty Buildings EP


On ne le dira jamais assez : mieux vaut un EP moyen qu’un mauvais album. Surtout quand on hésite sur la direction à prendre. C’est ce qu’a dû se dire Catherine Feeny, après un excellent premier album éponyme et une suite totalement décevante. En effet, sur Hurricane Glass, la belle avait délaissé le folk doux et mélancolique des débuts pour une country pop FM du plus mauvais goût, à la mode « Mon Shérif a des chouettes bottes ». Preuve de ce revirement malheureux, Marc Ysaye n’hésite pas à programmer ce deuxième album en boucle sur Classic 21, aux heures où les vachers du XXIe siècle restent scotchés au transistor en astiquant leur bécane.

« Catherine, c’est Feeny. Et dire que c’était la ville de mon premier amour », aurais-je pu chanter si j’avais été totalement certain que le ridicule ne tue pas, affirmation dont je doute de plus en plus depuis le décès de Charlton Heston.

Dilemme pour le troisième album : revenir à la spontanéité des débuts ou s’acharner sur le marché des chemises de bucheron et des Stetson, terrain déjà bien occupé par Sheryl Crow ?

Catherine botte en touche et sort le joker : un EP de cinq titres.

L’avantage de l’EP, c’est qu’il s’apparente à une parenthèse dans une carrière, un petit break qui permet de faire le point avant de se relancer. Plus libre et commercialement moins contraignant, ce format ouvre la porte à quelques dérapages (très) contrôlés, histoire de prendre son propre pouls avant d’opter définitivement pour le camp des cowboys (Sheryl Crow, Dawn Landes, etc.) ou celui des Indiens (Alela Diane, Mariee Sioux, etc.)

Ah si les choses étaient si simples. Sur cet EP, Catherine Feeny sort le grand jeu sur au moins deux morceaux : Empty Buildings et Santa Ana Wind lorgnent gentiment du côté de Suzanne Vega, dont elle assura par ailleurs la première partie à l’AB il y a quelques années. C’est clairement avec ce genre de ballades feutrées à peine arrangées que Catherine m’avait séduit un jour, il y a longtemps.

Chassez la veste à franges et les santiags et elles reviennent malheureusement au galop sur The Mighty Whale & Abraham (qui fait quand même l’économie du lapsteel, mais n’évite pas le piège du refrain siffloté) et, surtout, sur l’imbitable Junk Queen, en duo avec le chanteur country Brian Wright, qui pue le saloon et le crottin de cheval à plein nez.

A mi-parcours, on épinglera Sugar, petite berceuse hivernale, plus douce que vraiment amère. C'est pas mal, mais dans le genre, Stina Nordenstam fait tellement mieux. D'ailleurs, elle devient quoi, Stina ?

Verdict : si on aime autant les EP, c’est justement parce qu’on y trouve tout et son contraire. Si le but était de tester le terrain avant le prochain album (If I am the Bell, You are the Anchor, prévu pour début 2009), je recommande vivement à la petite Catherine d’emprunter les métros New Yorkais plutôt que de traverser les plaines du Far West dans sa diligence. Je n’y crois pas beaucoup mais qui sait ?

Quant au folk apache, ce sera « va voir ailleurs si j’y suis ». Chez Headless Heroes, par exemple.

Les liens

Le site officiel : www.catherinefeeny.com

Sur MySpace: www.myspace.com/catherinefeeny

1 commentaire:

  1. J'avais pas trop apprécié moi la première partie de Suzanne V

    La geuze était mignonne mais c'est tout le souvenir que j'en ai gardé ( au contraire de Suzanne qui, elle, n'est pas mignonne, mais a une voix qui vous fait sortir les larmes des yeux sans que vous ayez rien demandé, j'en frissonne encore)

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