dimanche 22 mars 2009

ALFRED - Je mourrai pas gibier


Cette BD tombe à point nommé, à l’heure où des adolescents s’amusent à massacrer leur prochain, que ce soit dans une crèche, une école ou un pensionnat. En découvrant l’horreur à la télévision, Madame Michu cherche un coupable entre des jeux vidéo trop violents, des films trop violents et des musiques tellement plus violentes que le CD de Céline Dion qu’elle avait acheté au lendemain des funérailles de Julie et Mélissa. « Ça au moins, ce n’était pas de la musique de sauvage. »

Après les trois fautes de français quotidiennes du 19h de RTL-TVI, elle décide de prendre les choses en main : son fils Kevin ne deviendra pas un tueur fou. Alors elle lui confisque sa collection de Grand Theft Auto, brûle son T-shirt de Korn et lui interdit d’aller voir le dernier Batman au cinéma. « Et file dans ta chambre. » Elle termine sa soirée devant Delarue, bénie par son copain Xanax, sa demi-bouteille de Liebfraumilch et son paquet de Lucky Strike. Demain, la journée sera difficile à la caisse du Match, avec tous ces arabes qui vont débarquer avec leurs allocations de chômage à dépenser. Si seulement elle pouvait nettoyer tout ça au Kärcher.

Puis, elle va se coucher en se demandant comment ces jeunes peuvent être fascinés par toute cette violence qui leur pourrit la tronche. « Je ne comprends pas… »

Voilà le thème de Je mourrai pas gibier, une BD glaciale qui retrace le cheminement d’un ado qui va transformer le mariage de son frère en véritable carnage. La justice se demandera pendant des années ce qui a bien pu pousser ce jeune garçon à massacrer les invités à l’aide du fusil de chasse de son père. On s’interrogera pour comprendre comment un tel drame a bien pu se produire dans un village d’ordinaire si paisible. En se grattant le haut du crâne, quelques abrutis journaleux arriveront certainement à trouver dans le passé du « tueur fou » une lecture trop subversive ou des goûts musicaux peu recommandables.

Mais de tout cela, Alfred n’a que faire. Il se contente de narrer avec une distance malsaine les événements qui précédèrent le drame. Il tend froidement un miroir à la figure de Madame Michu mais elle ne voit pas très bien en quoi elle devrait se sentir concernée par toute cette histoire de PD qui ne voulait pas devenir menuisier et de son pote handicapé qui faisait peur aux enfants.

Non franchement, c’est sûrement la faute aux jeux vidéo et aux groupes de metal.

Madame Michu peut continuer à dormir tranquillement.

Et cette BD vient de gagner sa place dans le club très fermé des lectures qui m’ont cloué cette année.

Le lien : http://www.editions-delcourt.fr/

2 commentaires:

  1. j'ai acheté la bd.
    Très chouette, j'avais déjà lu une bd de cet auteur,ses dessins et sa mise en scène sont super bien adaptés à ce type de scénar
    Merci qui? Merci new ki :-)

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  2. :-)))
    Sympa, hein ?

    tu as vu que c'était l'adaptation d'un roman de Guillaume Guéraud ? Malheureusement, le titre est épuisé...

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