dimanche 30 septembre 2007

Swod - Sekunden

Deuxième saison

En 2004, le duo berlinois Swod avait sorti Gehen, un premier essai étouffant sur lequel lequel Oliver Doerell et Stephan Wöhrmann couchaient le fruit de leurs expériences en tant que compositeurs pour le théâtre et le cinéma d'auteur. Cet album inquiétant mettait en scène d'un côté un piano classique et, de l'autre, toutes sortes de collages électroniques, mixant et triturant basses, synthés et voix. Plus expérimental que les sorties indietronica de l'époque, l'univers de Gehen renvoyait à l'étrange quiétude des films les plus obscurs de David Lynch.

Avec Sekunden, Swod reproduit les ambiances cinématographiques des débuts mais semble avoir fait le deuil de la froideur clinique qui caractérisait Gehen. Les arpèges de piano sont toujours aussi splendides mais les bruitages électroniques qui les enveloppent se font plus discrets et, surtout, plus sereins. Si, sur le premier disque, le piano et la machine se livraient à un duel cruel, Sekunden parvient à les réconcilier et à les faire s'exprimer d'une seule voix. S'en dégage moins une impression de désert apocalyptique que celle d'une clairière ou d'une rive ensoleillée. Malgré ce que pourrait évoquer la pochette, si chaque album de Swod devait évoquer une saison, c'est bien le printemps qui serait au coeur de Sekunden (alors que Gehen rappelait la rudesse des hivers continentaux).

Actualité oblige, on écoutera en particulier le mélancolique Belgien, l'un des chefs-d'oeuvre de ce très bel album.



Les liens intéressants:

Le site officiel : http://www.swod-music.de/
Swod se produira le 12 novembre au Recyclart.
Le morceau Montauk est toujours en écoute via le lecteur New Kicks On The Radio (6e sur la liste).

vendredi 28 septembre 2007

Naissance de Tu Fawning

31knots fait des petits

Vous savez à quel point je suis un fan maladif de tout ce qui tourne de près ou de loin autour de l'univers délirant de 31knots. Non contents de travailler sur un nouvel album pour 2008 (après avoir déjà sorti un album et un EP cette année), les membres de 31knots profitent de quelques jours à la maison pour se consacrer à des projets parallèles.

Certains connaissaient déjà Lips and Ribs, le projet electro du bassiste Jay Winebrenner. Il faudra désormais compter également Tu Fawning, un duo composé du guitariste-chanteur Joe Haege et de la chanteuse Corrina Repp. Chacun des deux musiciens avait pris l'habitude ces derniers temps d'apparaître sur l'album de l'autre. Leur collaboration se matérialise désormais dans Tu Fawning, une expérience musicale qu'ils qualifient de "Edith Piaf meets Portishead". Deux titres sont écoutables sur leur page MySpace. Rien ne dit s'il s'agit d'une infidélité passagère ou si le projet aboutira à une sortie officielle.

Les liens intéressants:
Tu Fawning sur MySpace : www.myspace.com/tufawning
31Knots sera en tournée en France du 18 au 27 octobre. Plus d'infos sur http://www.31knots.com/

mardi 25 septembre 2007

Le Prix Gros Sel

Par goût du livre

Si l'industrie du livre était Hollywood, la librairie en ligne Rezolibre serait Sundance et le Prix Gros Sel ses Awards. Lancé en 2005 afin de promouvoir des auteurs oubliés du circuit commercial, le Prix Gros Sel revient cette année avec un Prix du Jury, un Prix des Grands Enfants et un Prix du Public.

Les votes pour le Prix du Public et le Prix des Grands Enfants ("livres pour enfants, grands enfants, projets graphiques...") se font par Internet jusqu'au 1er novembre 2007. Vous pouvez voter pour n'importe quel livre, récent ou pas, du moment qu'il vous ait touché et n'ait pas fait l'objet d'une large publicité (maman, tu peux oublier Harry Potter et le Da Vinci Code). Une belle occasion de promouvoir la culture plutôt que les loisirs.

Les Prix seront décernés le 5 décembre à La Piola Libri, à Bruxelles.

Je crois que je vais proposer Owen Noone...


Le site officiel: http://www.rezolibre.com/grossel/index.php

Pour voter: http://www.rezolibre.com/grossel/votez.php

dimanche 23 septembre 2007

"Militer en espadrilles"

Niaco, contributeur émérite à New Kicks On The Blog, vient de lancer sur la toile son propre blog : Rage Against The Coffee Machine. Ce blog, sous-titré "Militer en espadrilles" s'adresse à toutes celles et ceux qui ont eu envie un soir d'aller crier leur colère dans la rue mais qui ont été contraints de reporter leur projet révolutionnaire aux calendes grècques parce que ce soir-là, pas de bol, c'était la finale de Koh-Lanta. "Militer en espadrilles": un art de vivre qui permet de faire sa BA en restant derrière son clavier, réchauffé par une un tasse de thé issu du commerce équitable. Rage Against The Coffee Machine proposera régulièrement des articles sur de chouettes initiatives pour rendre le monde meilleur, des pétitions, des gestes citoyens, etc. qui ne demandent en général que peu d'effort.

Le lien :

http://ratcm.blogspot.com/

vendredi 21 septembre 2007

Robert Sutton - Objectif Zéro-Sale-Con

Le Routard de l'entreprise moderne

Non, vous ne vous êtes pas trompé d'adresse : vous êtes bien sur New Kicks On The Blog. Et non, vous ne rêvez pas non plus : cet article est bien une chronique d'un livre de management. Alors quoi ? New Kicks serait devenu la nouvelle référence pour le jeune DRH aux dents longues dont les performances seront mesurées en fonction du nombre de CDD qu'il n'aura pas renouvelés ? Pas du tout, parce que ce livre de Robert Sutton constitue un sacré pied de nez à toutes les théories sur la gestion des relations interpersonnelles au sein de l'entreprise. La langue de bois, Sutton ne connaît pas et il est bien décidé à mettre fin à la tyrannie des sales cons.
Objectif Zéro-Sale-Con est justement sous-titré Petit guide de survie face aux connards, despotes, enflures, harceleurs, trous du cul et autres personnes nuisisbles qui sévissent au travail. Son auteur, un professeur de management réputé de l'Université de Stanford et déjà auteur du classique 11,5 idées décalées pour innover, a décidé cette fois de s'attaquer à ceux qu'il appelle les sales cons (assholes dans la version anglaise) et qu'il tient pour responsables de l'ambiance pourrie qui peut souvent régner dans une entreprise. Mais qui sont ces sales cons ? La définition que propose Sutton repose sur deux composantes :
1. Après avoir été victime du sale con, l'employé se sent humilié, rabaissé. Le sale con maîtrise l'art de faire comprendre à son interlocuteur qu'il est un moins que rien.
2. Le sale con ne s'attaque qu'à ceux qui se situent à un échelon moins élevé dans la hiérarchie de l'entreprise.

Sur base de cette définition, Sutton distingue le sale con occasionnel (comme vous et moi) du sale con certifié, celui qui va systématiquement s'essuyer les pompes sur les cadavres de ses victimes pour pouvoir mieux gravir les échelons de la hiérarchie. L'auteur propose donc une grille de lecture pour pouvoir les identifier dans notre entourage et suggère d'éviter leur compagnie autant que possible.
Mais attention : nous sommes tous des sales cons en puissance et nous nous sommes tous comportés au moins une fois comme une enflure. Sutton nous invite donc à analyser notre propre comportement avant de cataloguer nos collègues.
Après ces mises en garde, Sutton élabore son propos. Il avance son modèle mathématique pour calculer le coût que représente la présence d'un sale con dans une équipe, il distille ses conseils pour maîtriser ceux qui sévissent dans notre entourage (et celui qui sommeille au fond de chacun d'entre nous), il nous fournit un kit de survie très pratique pour ceux qui vont malheureusement constater que leur entreprise est dirigée par des connards. Par souci d'honnêteté intellectuelle, l'auteur explique également que se comporter comme un trou du cul peut parfois s'avérer un pari gagnant et n'hésite pas à citer des exemples de tyrans qui sont parvenus à monter des entreprises très perfomantes, Steve Jobs en tête.

Cependant, en se référant à de nombreuses études en psychologie organisationnelle, Robert Sutton démontre par A +B que les entreprises qui ont eu le courage d'appliquer l'objectif zéro-sale-con dans leurs processus de recrutement ou d'évaluation réalisent en général d'excellentes performances commerciales et financières. De même, il répond à des questions très concrètes comme celle de savoir s'il n'est pas opportun de conserver un sale con dans son équipe, ne serait-ce que pour provoquer une réaction de rejet de la part des autres employés.

Quant à l'origine de ces comportements regrettables, Sutton hésite entre deux thèses. D'une part, il admet que le monde de l'entreprise, de par son climat de compétition interne pour nous pousser à la performance, crée des monstres en puissance. D'autre part, il soutient, exemples à l'appui, que nous ne sommes pas tous égaux devant le risque de devenir un sale con.

Contrairement à ce que son titre pourrait suggérer, Objectif Zéro-Sale-Con n'est pas drôle. Ce livre brosse un portrait sévère des relations qui régissent les entreprises d'aujourd'hui. Pire, Sutton s'avoue impuissant face à certains cas d'école et conseille, dans les cas les plus extrêmes, de s'enfouir la tête dans le sable pour laisser passer l'orage et éviter la dépression, voire le suicide. L'ouvrage revêt une triple utilité. Primo, il permet de repérer les requins qui sévissent au bureau (et surtout de confirmer ce qu'on soupçonnait déjà). Secundo, et c'est sans doute l'aspect le plus intéressant, il nous avertit du risque que nous courons tous de devenir un vrai enfoiré. Tertio, à l'aide d'exemples très concrets, Sutton chiffre le coût que peut engendrer l'absence d'objectif zéro-sale-con.

Au-delà de ces aspects un peu sérieux, je dois reconnaître que j'ai dévoré ce livre comme si je découvrais le journal intime de mes années passées au siège de la World Company. Comme tout le monde, j'imagine, j'ai reconnu à chaque page mes collègues les plus détestables. Pouvoir mettre un nom sur leur attitude, réaliser que mon cas n'est pas isolé et voir que des alternatives sont possibles a quelque chose de jouissif. Revers de la médaille : de retour au bureau, constater que les sales cons sont toujours au pouvoir peut avoir un effet désastreux sur le moral et la motivation. "Pas grave" dit Sutton. "Serrez-vous les coudes entre victimes et la roue finira bien par tourner."
Notez enfin que ce livre de Robert Sutton n'a rien d'une blague. L'ouvrage s'inscrit en réalité dans la continuité d'un article de l'auteur dans la très prestigieuse Harvard Business Review. Il s'attendait à se faire conspuer après une telle publication, mais il n'a reçu que des éloges, tant des lecteurs que de ses confrères.
Par ailleurs, ce 10 septembre, ce livre s'est vu décerner le Quill Award du meilleur bouquin de l'année dans la catégorie Business. Vous pouvez toujours voter jusqu'au 10 octobre pour élire The No-Asshole Rule livre de l'année toutes catégories confondues.

Robert SUTTON, Objectif Zéro-Sale_con, Editions Vuibert, 2007 (184 pages)

Les liens intéressants

Le blog des Editions Vuibert en français qui permet de réaliser différents tests ou de raconter ses propres expériences de sales cons : http://objectif-zero-sale-con.blogspot.com/
Le site officiel de Robert Sutton : http://bobsutton.typepad.com/

mercredi 19 septembre 2007

Xavier Rudd – Concert à l’Ancienne Belgique (AB Box)

Good Spirit

Depuis le temps que j’arpente les salles de concert et les festivals, je pensais être immunisé à l’effet groupie. Une vaine illusion, dont atteste un ticket de concert dédicacé, arraché non sans peine à un Xavier assailli par les groupies. Mais parlons du concert.

Xavier Rudd commence à se faire un nom sous nos latitudes grâce au gentil single Messages, et ses deux derniers albums, Food in the belly et White Moth, les premiers à recevoir une distribution internationale. Pratiquant une musique mi-roots, mi-folk, gentille mais sincère, Xavier Rudd séduit les vieux hippies comme les bobos qui mangent leur sandwich bio au volant de leur 4x4. Surtout, il impressionne par le nombre d’instruments dont il peut jouer, souvent en même temps (guitare, percusions, didgeridoo, harmonica. On n’avait pas fait mieux depuis Rémy Bricka).

C’est cette dernière facette de l’artiste que la performance live pousse à l’avant-plan. Et avec elle, son extraordinaire capacité, non pas à dégager mais à transmettre sa fantastique énergie au public. N’importe quel plouc à pieds nus peut lancer « peace and love » à la cantonnade. Quand Xavier Rudd le dit en fin de concert, tout le monde est réellement touché, lui le premier.

Arrivé pieds nus, avec une demi-heure d’avance (!), Xavier Rudd entame le concert mollement avec Fortune Teller, pas vraiment son meilleur morceau. Le public réagit mollement, lui-même semble s’emmerder un peu. Puis Xavier entame le deuxième morceau en jouant un peu à faire des sons rigolos avec tout le brol qui l’entoure sur fond de chant aborigène et embraie sur Message Stick, un instrumental long et éprouvant, dans lequel il joue de deux didgeridoos différents, et assure lui-même les percussions. Le rythme gagne la salle, l’artiste rentre dans sa musique…À l’issue du morceau, un tonnerre d’applaudissements acclame un Xavier Rudd quelque peu essoufflé. Le concert est lancé.

La suite n’est qu’un enchaînement de performances similaires, avec un comparse (dont j’ai malheureusement oublié le nom) lui-même entouré d’une foule de tambours en tous genres. Performance n’étant ici pas un vain mot quand on sait qu’il leur est arrivé de jouer plus de 20 minutes sans interruption…

Le public ne s’y est pas trompé, qui a repris pendant 5 minutes, en tapant dans les mains, la rengaine de Let Me Be au point de déstabiliser Xavier Rudd lui-même. Vous me direz que ça fait très Britney Spears. Peut-être, mais ce qui semblait dominer n’était pas tant l’envie de chanter un air connu que le désir de voir l’artiste improviser quelque chose sur cette base rythmique simple. Partager la performance en somme.

Au final, on retiendra une performance admirable techniquement qui aura aussi, surtout, touché par l’échange qui s’est instauré, l’énergie transmise par l’artiste et relayée par le public. Cerise sur le gâteau, la musique de Rudd dont les bons sentiments peuvent parfois agacer, perd de sa mièvrerie sur scène, où les percussions envahissent l’espace et la guitare n’hésite pas à se faire plus dure.

Un régal, à voir dans une petite salle. Ou, encore mieux, en plein air.

Les liens intéressants

Le site officiel : www.xavierrudd.com/
Sur MySpace :
www.myspace.com/xavierrudd
L'Ancienne Belgique :
www.abconcerts.be

Liars - Liars

Poker menteur

Liars fait partie de ces groupes qui, quoi qu'ils fassent, parviennent toujours à conserver ce son distinctif qui fait qu'on les reconnaît dès les premières notes. Avec une personnalité aussi marquée, les Liars ont pris l'habitude de caresser l'auditeur à rebrousse-poil à chaque nouvelle sortie, au point qu'on ne serait pas étonné qu'ils sortent demain un album de reprises de Sting à la flûte de pan. Le risque est bien sûr de perdre toute objectivité et de considérer chaque album de Liars comme un chef d'oeuvre en soi sans aller gratter plus loin.

Pour ce nouvel album, Liars n'avait pas la tâche facile, accoucher d'un successeur digne du radical Drum's Not Dead n'étant pas une mince affaire. Avant la sortie de cet album éponyme, Angus Andrew, le "leader" du groupe, s'était fait un plaisir de brouiller une nouvelle fois les pistes en criant sur tous les toits qu'il s'était découvert des talents de songwriter. Ou l'art d'attiser la curiosité des jeunes loups affamés que nous sommes. Evidemment, quand il s'agit de Liars, la notion de songwriting prend une tout autre dimension mais il faut bien admettre qu'on retrouve sur ce nouvel album des chansons avec une structure presque traditionnelle, c'est-à-dire des passages qu'on pourrait qualifier de couplets et d'autres qui feraient office de refrains.

L'album s'ouvre sur Plaster Casts Of Everything, brûlot punk qui s'avère en fait être... deux chansons en une puisqu'à mi-parcours, on a droit à un premier virage bien serré que Liars prend à la corde. On s'attend alors à un album plein de furie, ce que vient tout de suite contredire Houseclouds, sorte d'electro-pop synthétique ronflante. Le troisième titre vient ajouter son grain de sel à la confusion ambiante : Leather Prowler s'entame comme un spoken word industriel façon Einstürzende Neubauten et s'enfonce rapidement dans les textures dissonantes qu'on avait pu entendre sur Drum's Not Dead. Les trois premiers morceaux sont trois flèches toutes faites de bois différents.

La suite est de la même trempe. Liars revisite de nombreux styles et les ressert à sa sauce maison. On a ainsi droit à un trip hop hypnotique façon Tricky (Sailing To Byzantium), un stoner rock aux biscotos poilus façon Pink Fairies (Cycle Time) et un hymne noise punk à la Jesus And Mary Chain (Freak Out).

Tout l'album suit cette trame qui veut retourner l'auditeur comme une crêpe à chaque morceau. On en prend plein les oreilles, ça fuse dans toutes les directions, mais comme je l'écrivais en introduction, ça reste du Liars. Là-dessus, il ne plâne aucun doute.



Les liens intéressants :

Le site officiel : www.liarsliarsliars.com/
Sur MySpace : www.myspace.com/liarsliarsliars