dimanche 18 novembre 2007

Sonic Youth – Daydream Nation (Deluxe Edition)

20 ans et toutes ses dents

Est-il possible de se faire sérieusement secouer par la réédition d’un album qu’on connait déjà par cœur ? A cette question, Sonic Youth répond par la sortie de cette édition « Deluxe » du légendaire Daydream Nation (1988). J’avais déjà pu mesurer l’épaisseur et la richesse du back catalogue de Sonic Youth à l’occasion des rééditions de Goo et Dirty. Mais ici, je me prosterne, je m’incline et je demande pardon d’avoir un soir osé remettre en doute leur statut de meilleur groupe de rock de l’univers depuis l’invention de la roue.

Pour Goo et Dirty, Sonic Youth s’était « contenté » de nous servir en bonus une impressionnante liste d’enregistrements démo et de titres inédits. Pour Daydream Nation, Geffen prend le pari de miser sur les enregistrements live. On retrouve donc, d'un côté, l'album original agrémenté d'une version démo totalement dépouillée d'Eric's Trip. Première claque : on découvre ici qu'avant de devenir un des morceaux phares du groupe, la première version de ce concentré d'adrénaline pure avait été imaginée comme une chanson folk, incroyablement paisible. Pour l'histoire de l'album Daydream Nation, je vous renvoie au livret très réussi qui reprend des textes de journalistes musicaux, de producteurs et quelques coupures de presse d'époque.

De l'autre côté, le second disque reprend chaque morceau de l'album, enregistré en live, ainsi que quatre reprises qui traînaient jusqu'alors dans des cartons. Et voici la deuxième mandale.

On pourra toujours discuter pendant des semaines pour savoir quel est le meilleur album de Sonic Youth. Mais il n'y a aucun doute possible sur le fait que Daydream Nation est le plus riche et le plus homogène. Cette impression se retrouve encore consolidée avec le deuxième disque de cette réédition. Captés en live, les 14 titres de Daydream Nation révèlent toute la puissance, la rage et la colère qui animaient les quatre New Yorkais à la fin des années 80. L'éditeur a su faire preuve de clairvoyance : plutôt que de proposer un concert dans son intégralité, Geffen et Sonic Youth ont sélectionné le meilleur de 6 prestations live, captées au légendaire CBGB's, mais aussi à Amsterdam ou Dusseldorf. Résultat : le fin du fin, un son d'enfer et des musiciens déchaînés qui donnent tout sur scène. Pour preuve cette version renversante d'Eric's Trip, poussée à l'extrême, qui contraste avec l'étonnante démo du premier disque. Toute la puissance du groupe se libère sur Eliminator Jr, Silver Rocket ou Rain King. Ce qui ne les empêche pas de se montrer plus souples comme sur l'intro de Teenage Riot ou le final de The Sprawl. Le reste est une démonstration du talent et de l'inspiration de Sonic Youth, au meilleur de sa forme. Et quand ils jouent comme ça, ce sont tout simplement les meilleurs des meilleurs. Presque 20 années se sont écoulées depuis ces enregistrements (1988), mais il est indéniable que ces morceaux n'ont pas pris la moindre ride.

Pour ne pas gâcher notre plaisir, cette réédition s'achève sur quatre reprises : des chansons des Beatles, de Mudhoney, de Neil Young et de Captain Beefheart. Et voici la troisième gifle de la semaine : Within You Without You (tirée de Sergent Pepper) est réinterprétée à la sauce Velvet Underground, dans un surprenant mélange de saturations et de sifflements.

J'ai longtemps hésité à acheter cette réédition (27 euros à la Fnac, ça fait un peu cher). Puis, un internaute peu inspiré s'est débarrassé d'un exemplaire quasi neuf... pour mon plus grand plaisir. Aucun regret : des disques pareils, j'en redemande. Reste que j'ai raté la tournée de cet été où Sonic Youth rejouait l'intégrale de l'album, ce qui va être un peu difficile à digérer.

Le lien incontournable : www.sonicyouth.com (avec aussi quelques inédits à télécharger gratuitement)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire