jeudi 5 novembre 2009

Carl - Où poser des yeux ?


Il faudra un jour que je consacre un post entier au travail remarquable du label bruxellois Humpty Dumpty Records. Neuf sorties jusqu’à présent, à chaque fois sélectionnées avec la rigueur d’un diamantaire anversois, tel l’Homme de Del Monte qui goûtait chaque ananas avant d’autoriser ses ouvriers à les mettre en boîte. Le catalogue d’Humpty Dumpty Records propose ainsi désormais une petite dizaine de perles, à l’emballage toujours extrêmement soigné, dans des styles aussi divers que le folk mélancolique d’Half Asleep, le jazzcore de K-branding, les chansons de Françoiz Breut ou les ambiances brico-électro de Tangtype.

L’album de Carl est la huitième sortie de la maison, qui a entre-temps publié Y.E.R.M.O, disque abstrait composé d’ambiances atmosphériques et bruitistes. Carl est un phénomène assez déconcertant, chanteur-auteur-dessinateur habité qui déclame ses textes écrits sur du papier de verre, tantôt en mode slam (Le Chien), tantôt sur une ballade rock qui toussote (Mes amis vont mal), toujours avec une profondeur corrosive qui met mal à l’aise.

L’ensemble donne treize histoires qui vont t’ensevelir, brûlantes, dangereuses, dures ou nauséabondes. L’écoute d’Où poser les yeux reste une expérience exigeante, assez mystérieuse tant les textes se révèlent d’une richesse insondable, parfois éprouvante (l’étouffant Ma maison me mangera). Les rares instants de légèreté (les premières minutes de Caillou) sont vite balayés par un chant qui passe au-dessus de la berme centrale pour poursuivre sa route à contre-sens. Psalmodiée sous de faux airs latino-kitsch, La Pelouse sombre à son tour dans la violence du verbe et on bondit vers le bouton pause quand la petite débarque dans la pièce en demandant innocemment "Papa ? La musique ? La musique ?"

Difficile d’associer une autre couleur que le noir à cet album qui évoquera les côtés les moins fréquentables de Dominique A, Daniel Hélin, Léo Ferré,… voire un Didier Super à prendre au 1er degré, un Czerkinsky (Promenade) sorti d’une prison turque ou carrément un TTC lesté au Lysanxia.

En moyenne, j’évoque ici un album en français par an, pas plus. Cette année, ce sera celui de Carl. Une vraie gifle à l'heure où des canailles endimanchées vendent aux belles-mères des camions entiers de banalités récitées sans le moindre talent, sans doute pour mieux leur faire passer le choc des premiers symptomes de l'Alzheimer.

Les liens :

Carl sur MySpace : http://www.myspace.com/carlclebard

Humpty Dumpty Records sur MySpace : http://www.myspace.com/humptydumptyrecords

Commander l'album : http://humptydumptyrecords.blogspot.com/

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