dimanche 28 octobre 2007

Coup de crayon : Monsieur 800 000 voix


Trop is te veel ?

Dans un avenir peut-être pas si lointain, quand la Belgique aura été complètement vidée de sa substance, j’espère que les historiens auront le courage de revenir sur les événements qui auront marqué le pays depuis ces maudites élections de juin 2007. Au risque de se faire traiter de révisionnistes, s’ils sont un tantinet sérieux, ils ne pourront que pointer le rôle destructeur d’Yves Leterme, le « fossoyeur », le Monsieur 800 000 voix qui prouve une fois de plus que les campagnes électorales démagogiques ne font pas nécessairement les grands hommes d’Etat. La voix hésitante, le sourire crispé, le regard figé qui trahit soit une constipation chronique, soit un léger strabisme, un sens de l’humour qui remet en cause la théorie de Kelvin sur le zéro absolu, le charisme d’un lapin d’élevage et des déclarations qu’on aurait bien voulues maladroites au début et dans lesquelles on reconnaît désormais du mépris, de la provocation et surtout une bonne dose de bêtise, voila les caractéristiques de celui qui nous représentera bientôt lors des grands sommets internationaux. Ses défenseurs ont beau marteler que « la fonction fait l’homme », mais après quatre mois de négociation, si on a bien compris la fonction, on peine à voir émerger l’Homme.

Quant à la noblesse de ses intentions, permettez-moi de revenir sur quelques éléments dont on néglige peut-être la portée. Après l’échec cuisant de sa non méthode que tout le monde a jugée catastrophique, Flamands y compris, Saint Yves n’a pas supporté de se faire voler la vedette à deux reprises. Blessé au plus profond de lui-même, il a d’abord interrompu la mission du démineur Jean-Luc Dehaene qui, malgré un style peu orthodoxe, parvenait de l’avis de tous à trouver des pistes de convergences entre les différents partenaires de la négociation. Mais on ne fait pas d’ombre à Saint Yves ! Rebelote la semaine dernière : l’explorateur Herman Van Rompuy, accusé d’avoir trop cédé face aux contre-revendications francophones est écarté des négociations. Autrement dit, Leterme nourrit un agaçant complexe d’infériorité qui l’oblige à éliminer tous ceux qui obtiendraient des résultats là où il accumule échecs et humiliation. Dans la cour de récréation, Leterme devait être ce genre de gosse qui décidait tout seul de modifier à son avantage les règles du jeu en plein milieu d’une partie… et avec qui finalement plus personne ne voulait jouer. On a tous connu un cas de ce genre dans notre classe. En général, le gamin terminait sa scolarité en bouffant ses crottes de nez pour que ses camarades daignent enfin s’intéresser à lui.

Mais l’homme a obtenu 800 000 voix, et dans l’imaginaire collectif, ce score électoral le rendrait incontournable pour le poste de premier ministre. Alors, lançons un appel à la mobilisation pour les prochaines élections législatives. Il nous faut, côté francophone, un poids lourd capable d’attirer, allez, soyons fous, un million de voix ! Et qui d’autre que Michel Daerden pourrait être ce fer de lance du redressement wallon, lui dont la cote de popularité grimpe en flèche depuis qu’il assume pleinement et en direct son penchant pour la boisson. Nous aussi, nous pouvons envoyer notre champion raconter des horreurs sur les Flamands dans un journal néerlandais. Vous imaginez Daerden en Une du Volkskrant déclarant : « Les Flamands sont physiquement incapables d’encaisser six Chimay bleues pendant un Conseil des Ministres. » Quelle claque ! Au journaliste de la VRT qui l’intercepterait à la sortie d’un bistrot un vendredi soir et qui lui demanderait d’entonner Hoetje Van Papier, il rétorquerait par un enjoué Il est des nôôôtres. Et si la presse flamande en fait ses choux gras, on ne doute pas que le Gainsbourg de la politique saura y faire. Dans le passé, il a déjà su se montrer menaçant envers des journalistes qui ne lui avaient pas accordé le temps de parole qu’il aurait voulu. Leterme n’a qu’à bien s’en tenir avec son timide « Les journalistes qui me cherchent en paieront les conséquences. » Allez, tous derrière Daerden pour 2011 ! La Flandre n’en veut pas ? On s’en fout, avec un million de voix, le sterfput d’Ans serait incontournable. C’est mathématique.

texte : nkotb
illustration : mabi

Retrouvez l'ensemble des dessins de mabi sur son site officiel : www.lesitedemabi.eu

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