jeudi 6 mars 2008

Coup de crayon : Carla Bruni, Kadhafi et Guy Môquet sont sur un bateau

J'ai beau ne pas apprécier l'homme, je suis quand même fasciné par la facilité avec laquelle Nicolas Sarkozy parvient à toujours occuper le terrain de l'actualité. Chaque semaine, il sort l'interview qui tue, la phrase qui dérange, la rencontre polémique, l'événement people qui fait rêver, la décision politique qui divise. A chaque fois, ça lui permet de faire l'ouverture des JT et la Une des journaux. S'il y a une chose qu'il maîtrise parfaitement, c'est l'application de ce vieil adage de journaliste, une quasi loi mathématique, qui veut que la nouvelle info chasse l'ancienne. Chaque semaine, il se creuse donc les méninges pour "faire l'actu" : la libération des infirmières bulgares, les contrats avec Kadhafi, son divorce, son remariage, "la croissance, j'irai la chercher", "Ingrid Bettancourt, j'irai la chercher", sa foi, la lettre de Guy Môquet, la mémoire d'un enfant juif, etc. Ingrid Bettancourt dit "cassez-vous, pauvres cons" aux enfants martyrs qui avait eux-mêmes dit "casse-toi, pauvre conne" à Carla Bruni, elle qui avait si vite dit "casse-toi, pauvre con" à Kadhafi. C'est un peu le principe de l'ardoise magique : pour faire un beau dessin, il faut d'abord effacer le précédent dont il ne restera plus aucune trace.

Les médias s'en nourrissent et y sont même devenus dépendants. La preuve, c'est que quand Nicolas Sarkozy reste sagement dans son bureau, les journalistes à court d'idées sortent le dossier spécial "Pourquoi Nicolas Sarkozy fascine tant les médias?" Une semaine de silence supplémentaire et ils nous balanceront le dossier "Pourquoi les journalistes rédigent des dossiers sur leurs relations avec le président ?" C'est une chaîne sans fin.

Depuis quelques semaines, toutefois, j'ai l'impression que le président de la rupture tranquille s'essouffle. Etre de tous les fronts, ce n'est pas de tout repos. Et finalement, le dessin de l'ardoise magique, si on l'a vu de trop près, on en conserve quand même l'image quelque part dans le fond de notre mémoire.

Alors, quand je lis ce matin que la Lybie a bloqué un texte du Conseil de Sécurité de l'ONU condamnant l'attentat meurtrier perpétré hier contre un institut talmudique à Jérusalem, me reviennent l'image de Kadhafi et celles des enfants martyrs.

Dis "casse-toi, pauvre con" au naturel, il revient au galop.

Dessin de Mabi : http://www.lesitedemabi.eu/

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