mercredi 5 mars 2008

Manu Larcenet - Le Combat Ordinaire, tome 4 : Planter des Clous


Les avantages de la convalescence

Chez nous, c'est une tradition : celui qui tombe malade a droit à une BD pour entamer sa convalescence. Et aujourd'hui, j'étais plus ou moins malade. Mon amour propre m'empêche de vous expliquer dans les détails le mal qui m'habite actuellement, mais disons que la BD, je l'ai bien méritée cette fois.

Alors forcément, quand madame est arrivée avec un paquet cadeau, j'étais déjà ravi. Mais quand de surcroît, j'ai découvert en déballant la chose le quatrième tome du Combat Ordinaire, j'ai presque sauté au plafond, ce que le doc m'interdit formellement. Depuis un petit bout de temps, je ne suivais plus vraiment l'actualité de Manu Larcenet, surtout depuis qu'il avait envoyé chier tout le monde et fermé du jour au lendemain blog et site officiel. (qu'il a réouverts depuis, je viens de m'en rendre compte)

Donc voici la nouvelle du jour (Ken Brockman va devoir adapter la conduite de son JT) : la suite du Combat Ordinaire est dans les rayons depuis ce mercredi 5 mars, à 13 heures. A 15 heures, à mon grand étonnement, je le tenais déjà dans mes mains. En voilà une surprise !

Alors replantons rapidement le décor : à l'instar du Retour à la Terre, le Combat Ordinaire est une fable moderne sur le temps qui passe et les angoisses qu'il peut générer dans nos esprits de grands enfants qui ont définitivement rejeté l'idée-même de devoir assumer les responsabilités qui nous incombent en tant qu'adultes non consentants. Mais là où le Retour à la Terre est truffé d'un humour frais et léger, le Combat Ordinaire se veut plus grave et mélancolique. Marco, le personnage central, photographe puéril et maladroit, ressemble furieusement au Manu du Retour à la Terre, mais affiche aussi cette pointe d'égoïsme qui le rend un peu moins attachant. Au fil des albums, on suit ses aventures comme on consulterait un album de photos sur la France du XXIe siècle. Il y dévoile ses séances chez le psy, la maladie d'Alzheimer qui frappe son père, les cicatrices que la guerre d'Algérie a laissées sur la génération de nos grands oncles, le malaise face à la montée des idées d'extrême-droite, mais aussi et surtout ce fameux syndrome de Peter Pan, notre anti-héros se montrant incapable d'endosser un costume d'adulte un peu trop large pour ses frêles épaules.

Ce quatrième volume montre un Marco toujours aussi ambigu (on est tiraillé entre l'envie de le consoler et celle de lui mettre des baffes) qui va cette fois réaliser un reportage sur un cataclysme social, le tout dans un contexte d'élection présidentielle. Le ton est toujours très sobre et l'auteur évite habilement de porter le moindre jugement sur ses personnages, à l'instar du photographe qui capte l'instant présent et laisse le soin au spectateur de se forger sa propre opinion. Seule petite ombre au tableau: un monologue de comptoir sur la politique qui m'a paru un peu long sur la fin. Mais à part ça, ça reste du bon Larcenent. Peut-être pas le meilleur de la série, mais un album qui s'inscrit dans la lignée des trois précédents.

Il ne reste plus qu'à attendre la sortie du cinquième tome du Retour à la Terre.

Les liens intéressants :

Le blog de Manu Larcenet : http://larcenet.blogspot.com/
L'autre blog de Manu Larcenet : http://www.manularcenet.com/blog/

2 commentaires:

  1. ouais ouais ouais, tu fais bien de revenir sur le billet sur Cali. Je n'avais lu que le début mais je trouvais ça trop long alors j'avais laissé tomber. Je l'ai relu et effectivement, ça flingue sévère. Il m'a l'air un peu coupé du monde pour le moment. D'ailleurs, je pense que, au regard de ce qu'il dit de Cali et de la gauche rose bonbon, c'est encore plus intéressant de se pencher sur ce tome 4 et ce que j'ai appelé l'étonnant monologue politique qui arrive à la fin. c'est assez surprenant...

    Et pour le reste, je trouve quand même que sur le fond, il n'a pas tout à fait tort quand il descend Cali. C'est aussi engagé que Tien An Men de Calogero ou Combien de Murs de Bruel. Maintenant, il aurait pu le faire de manière plus élégante, ça c'est certain

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  2. Entièrement d'accord, Cali et sa chanson sont assez risibles et c'est plutôt facile de le flinguer.
    Ce qui me dérange, c'est la longueur de l'article et toute l'aigreur qu'il contient.
    On le sent effectivement bien déconnecté et isolé.
    Triste !

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